En Chine, les chats et les chiens sont désormais interdits à la consommation

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15 04 20 – Les chats et les chiens, dont la viande est consommée par une minorité de Chinois, ont été exclus d’une liste officielle des animaux comestibles. « C’est la première fois que le gouvernement chinois stipule que les chats et les chiens sont des animaux de compagnie et non destinés à la consommation », s’est félicité l’association américaine Humane Society International

En Chine, les chats et les chiens sont désormais interdits à la consommation

Les animaux sont classés en plusieurs catégories : les animaux domestiques que l’on ne mange pas, les animaux de rente que l’on élève pour leur viande, les animaux sauvages que l’on chasse ou pas. Ces catégories sont plus ou moins universelles mais ce qu’on y met dedans varie d’une société à l’autre.

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La cynophagie, pourquoi ?

C’est une pratique alimentaire qui consiste à se nourrir de viande de chien. Elle fait partie de la culture culinaire de nombreux pays comme le Viêt Nam, la Corée, la Chine et ses migrants, la Malaisie et l’Indonésie, et également des pays d’Afrique – On trouvait encore des boucheries canines en France au début du XXème siècle –  Pour eux, le chien est un élément important de l’alimentation car il est riche en protéines. Certains types de chiens sont consommés en fondue car c’est bon pour les reins et ils ont des vertus excitantes proches du café, appréciées des hommes ; ils augmentent la libido.
Depuis le VIème siècle, la viande de chien est très prisée dans les régions froides de la Chine et de la Mongolie car le bouillon de chien tient très chaud ! Les visage des consommateurs rougissent et transpirent enfin.
Une des causes principales de la cynophagie est d’abord la famine qui oblige les gens à se nourrir des chiens et chats errants car ils crèvent de faim. En France, la cynophagie a été importante pendant la guerre franco-prussienne de 1870.
La peste porcine africaine, une épizootie qui décima les cochons, est arrivée en Chine au début du XXIème siècle, obligeant à procéder à des abattages massifs de porcs en 2018, ce qui provoqua l’envol de prix de sa viande ; les Chinois qui en étaient les plus gros consommateurs se sont rabattus alors sur la viande de chien et de lapin, moins onéreuse.

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L’ouverture prochaine d’une boucherie canine à Paris en 1910.
Guillaume Apollinaire écrivait en 1913 dans le poème La maison des morts du recueil Alcools : « Quelques-uns nous quittèrent Devant une boucherie canine Pour y acheter leur repas du soir »

L’histoire qu’on m’a racontée

Il y a très longtemps, un roi du Vietnam a interdit à sa population paysanne de consommer du bœuf, afin de les garder pour lui et sa cour. Les vietnamiens, après avoir mangé leur ferme entière, se rabantèrent sur les chiens les chiens errants, les chiens volés et puis les leurs. Ils ont apprécié la chaleur procurée par leurs ragoûts. Les recettes de pots au feu et de fondues ont été exportées en Chine, dans les campagnes froides. Car la viande de chien tient chaud.

Mon histoire de chiens en Chine

En 2006, je suis allée déguster les baozis – petit pain farci et cuit à la vapeur, de la maison Goubuli à Tianjin ; ce restaurant est une institution ; c’est exotique et pas cher. Goubuli signifie le chien ne s’en va pas… tant c’est bon !
La même année, je suis allée à Wuhan. J’achetais mes légumes au marché de Fazhan Dadao pas très loin de la gare. C’était très chinois : il y avait des hérissons, des serpents, des tortues… et des chiens. Mon amie Bernadette, une expatriée qui vivait là depuis quelques années, m’a expliquée : « La saison du chien c’est en automne parce que c’est une viande qui tient chaud ; il est consommable toute l’année mais les Chinois le mangent pour leur bien-être car il aurait aussi un effet bénéfique sur les maladies des reins et de la rate. Ils le battent pour le tuer, ça hurle, ça gueule : si le chien souffre, il développe de l’adrénaline qui rend sa viande plus tendre ! Ce sont des gros chiens et des bâtards qu’on peut acheter en carcasse ou vivants et ils le tuent devant toi. Je n’en ai jamais goûté mais il paraît que c’est bon, très tendre, meilleur que le bœuf, un peu sauvage », précise-t-elle.
Il y a un autre grand marché à Wuhan, de fruits de mer, poissons, légumes, mais avec une partie abattoirs de chiens, moutons, canards, lapins, écureuils, oiseaux. C’était assez glauque, éclairé à la bougie. Je ne voyais que les yeux des animaux, et des sacs poubelles qui bougeaient, des petites cages avec des gros chiens comme Lassie… Il ne faut pas avoir le cœur léger. J’entendais des jappements, des cris. J’ai pris ces deux photos en cachette et je me suis enfuie.

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Théoriquement, seuls les bâtards dits chiens jaunes sont consommés en Chine. En croisant ces chiens locaux avec des chiens de race comme le Danois, le Saint-Bernard ou le Mastiff importés comme animaux de compagnie, les éleveurs vendent ce croisement en boucherie après quelques portées bénéfiques. Importé depuis 1995, le Saint-bernard est le plus gros chien qui mange le moins ; il est renommé pour sa chair tendre, son engraissement rapide et ses portées nombreuses ; il est très économique !! A cette époque, l’élevage de chiens était trois fois plus rentable que la production de porcs.

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Sur les bords du fleuve Yangzi, toujours à Wuhan, je suis allée au marché des animaux domestiques. Les visiteurs attendris caressaient un cocker, des huskys, lévriers, dogues du Tibet ou un Pékinois trop maigre pour être mangé. Déjà en 2006, les classes moyennes préfèrent le chien comme animal de compagnie plutôt que comme animal de boucherie.

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Le festival de la viande de chiens

Les 21 juin, plus de 300 de chiens sont abattus puis mangés durant le festival annuel de la viande de chiens de Yulin dans le sud-ouest de la Chine ; selon une coutume locale, manger un chien tué au moment du solstice d’été apporterait chance et bonheur, et les chiens sont abattus en place publique après avoir été exposés à la vue de tous dans des cages. Les conditions de morts sont cruelles car les chiens sont battus à mort pour rendre leur viande plus tendre, voire ébouillantés vivants. Depuis 2010, le festival attire les foudres des militants et d’une certaine population chinoise aussi, qui demandent son annulation : « Je pouvais vendre plus de 30 chiens chaque jour les années précédentes, mais maintenant, je ne peux en vendre que cinq au maximum », déclarait un boucher de Yulin en 2015. Depuis 2017, moins de 20% de la population chinoise consomment de la viande de chien, et de manière irrégulière. Le festival n’a pas vendu de viande de chien cette année-là, pour reprendre ensuite sous les tollés de la majorité de Chinois et associations mondiales.

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Stop. Les Chinois ne mangeront plus de chiens et de chats

Le texte publié le 8 avril 2020 par le ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales chinois, énumère une liste d’animaux pouvant être élevés pour leur viande, leur fourrure ou à des fins médicales. Les chiens et les chats n’en font plus partie. Le texte est soumis à commentaires jusqu’au 8 mai prochain.
Cette décision sur l’élevage intervient après l’interdiction, en février 2020, du commerce et de la consommation d’animaux sauvages, pratique suspectée dans la propagation du coronavirus.
Le commerce d’animaux sauvages avait déjà été interdit lors de la crise du SRAS en 2002-2003, car la transmission du virus avait été liée, elle aussi, à la consommation d’animaux sauvages ; mais le commerce avait rapidement repris à la fin de l’épidémie.
L’interdiction pas banale de 2008 : la viande de chien, servie d’habitude dans certains restaurants de Pékin, a été interdite pendant les jeux Olympiques du 8 au 24 août 2008, pour éviter de heurter les sensibilités des visiteurs étrangers. L’interdiction, décidée par l’Association des restaurateurs de Pékin, s’appliquait aux 112 établissements recommandés aux visiteurs mais les autres restaurants de la ville étaient aussi appelés à la respecter.

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L’écrivain José Frèches le 14 avril 2020

« On peut dire qu’en Chine il y a une tradition de consommation de viande d’animaux vivants ou tués très récemment. Et je crois savoir que c’est désormais strictement interdit. Ce sont des marchés qui existaient à grande échelle depuis des millénaires, on y mangeait du rat, du chien, du chat, mais c’est de plus en plus interdit aujourd’hui. Le gouvernement chinois a sorti une loi il y a trois semaines pour proscrire la consommation de chiens et de chats. Et il faut savoir que le pangolin, c’était déjà strictement interdit !
Les Chinois, qui ont une culture taoïste fondée sur le souffle vitale, vont avoir tendance à aller s’approvisionner sur le même genre de marchés qu’il y avait à Wuhan. Il ne faut pas imaginer qu’en Chine tout est contrôlé, propre et aseptisé. C’est un pays immense donc tout ce qu’on peut imaginer trouver, on le trouve. »

Le Coronavirus aux chiens et aux chats

Si la contamination de l’homme par le virus provient de source animale, des espèces comme le chat ou le chien pourraient-elles être contaminées par le virus ? A Wuhan, point de départ de l’épidémie, les Autorités locales ont interdit aux résidents de laisser leurs chats, leurs chiens et leur bétail quitter leurs maisons. Dans un dépliant affiché partout dans la ville, ces Autorités ont même menacé de tuer et d’enterrer les animaux sur place s’ils en apercevaient dans les rues. Les marchés qui vendent des animaux de compagnie ont reçu l’ordre de cesser temporairement leur activité.  Sur les réseaux sociaux chinois on voit des photos de chiens de compagnie équipés de masques de protection qui devaient, à l’origine, les protéger de la pollution ; sinon, ils portent des gobelets en papier. Pourtant l’OMS rappelle qu’il n’y a aucune preuve de contamination possible : « A ce jour, rien ne prouve que les animaux de compagnie puissent propager la maladie ». Mais l’abandon d’animaux se constate déjà.

Individuel ou collectif ?

José Frèches le 14 avril 2020 : « C’est clair que c’est de la Chine qu’est parti le Covid-19, mais à la limite, cela aurait pu partir d’un marché en Indonésie, c’est tombé sur eux, de même qu’en 1917, la grippe espagnole est née dans un camp d’un Etat américain. Ce n’est pas pour autant que c’était la faute des Etats-Unis. Donc je pense qu’il faut raison garder. D’autre part, au niveau des mesures qui ont été prises pour juguler cette épidémie, j’observe que les pays européens et notamment la France sont plutôt en train de s’inspirer de la Chine parce qu’elle a été redoutablement efficace, même si ces mesures ont été drastiques. Enfin, autre point sur lequel il faut prendre un peu de recul. En France, on dit qu’il faut s’inspirer de la Corée du Sud, qui est une démocratie alors que la Chine est une dictature. Mais que ce soit la Corée du Sud ou la Chine, ce sont des sociétés que je qualifie de « confucéennes », de même que la société japonaise, et bien ce sont des sociétés où l’on apprend aux gens que la collectivité passe avant l’individu, donc il y a une très grande discipline, pratiquement innée. Il y a une acceptation de la contrainte qui existe tout autant en Corée du Sud qu’en Chine. On voit en France toutes les difficultés qu’on a pour se mettre d’accord sur le « tracking » des gens qui seraient infectés par le Covid-19 grâce au téléphone portable, et bien la méthode est utilisée en Corée du Sud et bien entendu en Chine. Chez nous, cela pose des tas de problèmes parce que nous ne sommes pas des sociétés confucéennes. Nous sommes des sociétés individualistes. C’est la grande différence entre l’Occident et l’Asie, nous cultivons la liberté individuelle alors qu’ils cultivent le sens collectif. »
« Mais effectivement, ce qu’on peut reprocher tout à fait légitimement aux autorités chinoises, c’est d’avoir muselé ces lanceurs d’alerte alors qu’elles auraient évidemment dû en tenir compte. Il y a notamment une chef du service infectieux de l’hôpital de Wuhan qui avait contacté le jeune médecin ophtalmologue. Lui a été inquiété parce qu’il avait répandu sur les réseaux sociaux le fait que la maladie se développait. Il est décédé ensuite, mais aujourd’hui, ce médecin est considéré comme un héros, y compris par les autorités ! »
Son itv complète sur https://www.publicsenat.fr/article/debat/jose-freches-en-chine-certains-animaux-sont-consommes-comme-des-medicaments-181888

le Vin, le Rouge, la Chine

Lire le Vin, le Rouge, la Chine  mis à jour depuis 6 ans : les 170 vignobles français achetés par les Chinois sont décrits, dont 158 Châteaux bordelais. Pourquoi ces vignobles sont-ils en vente ? Pourquoi les Chinois les achètent-ils ? 250 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset. Mise à jour quotidienne de la version numérique 8€, et tous les 6 mois pour la version papier 20€, en vente en librairie et sur le site www.levinlerougelachine.com

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