06 04 16 – Les barriques pour le transport et l’élevage du vin utilisent des bois bien différents
Plusieurs essences de bois étaient utilisées pour les tonneaux de transport de liquides : le châtaignier est trop tannique pour l’élevage du vin; l’érable a une odeur inacceptable quand on le chauffe; le pin est un résineux, il est ajouté aux vins grecs pour qu’ils résistent à la chaleur et pour leur donner un goût âpre. On fait des fûts en merisier pour le vinaigre balsamique : il n’y a pas d’alcool dans le vinaigre balsamique ; il passe par des barriques de châtaignier, de chêne, de noyer et de merisier ; ce vinaigre a une complexité aromatique jamais égalée. Mais dans le vin il y a de l’alcool et on ne peut pas utiliser ces bois-là.
Dans les années 1980, le vin au goût ‘’boisé’’ est devenu à la mode ; depuis, le fût en bois de chêne est l’élément indispensable à l’élaboration des grands vins, pour les élever et les conserver. On peut réaliser pourtant des barriques en acacia : l’acacia élève les vins blancs liquoreux français comme le Sauternes, ainsi que les vins blancs sec américains (de cépage chardonnay) et autrichiens (de cépage sauvignon); c’est un bois très intéressant à travailler avec des méthodes de fentes et de chauffes particulières; il apporte des senteurs citronnées et de miel.
Il apporte au vin des arômes vanillés. Le chêne blanc des Etats-Unis a le taux de tanin le plus faible et il est le plus aromatique des espèces, très marqué vers le coco.
«En France, on n’utilise pas de chêne américain, me dit l’œnologue Michel Rolland ; je ne le recommande pas ; si vous voulez faire des grands vins c’est la vanille, la question ne se pose pas ! La priorité est de faire du bon vin, mais après il y a la réalité économique : faire du business ! Et le chêne américain est deux fois moins cher que le chêne français. En Espagne, les Riojas utilisent 90% d’américains. Pour un vin à 3 € il faut s’intéresser aux copeaux, mais personne ne met des copeaux par plaisir : ce sont toujours des contraintes économiques.»
Au fil des millésimes, le vigneron apporte des changements : le bois de la forêt de l’Auch respecte le coté fruité et la flaveur du vin ; il est moins aromatique que le chêne de la forêt de Tronçais qui apporte d’avantage un coté de vanille et d’amandes grillées, ainsi qu’une longueur en bouche. Le chêne du Sud-ouest a une croissance rapide et favorise les vins très structurés, tanniques.
Comme le choix des bois, l’intensité de chauffe des barriques est essentielle dans le goût final du vin.
A Bordeaux, Rémi Denjean développe une gamme de mobilier et d’objets déco en douelles de barriques recyclées. Sa réalisation majestueuse de 4 mètres est “une sculpture faisant un trait d’union entre l’art et le vin, symbolisé par une esperluette en anamorphose en 3D” dit Rémi.
Le Dowell, fauteuil à base de douelles de 2 barriques bordelaises de 225 litres, reliées entre elles par une lame d’acier noire, a été testé par l’oenologue Michel Rolland photo en haut de l’article © Jean-Pierre Stahl. “Mon inspiration vient de la douceur de la courbe de la douelle” dit Rémi, qui rénove également les échoppes et les espaces intérieurs. Au Château La Dominique pour Les clés de châteaux le 06 04 16, le photographe Balint Pörneczi sur le fauteuil Dowell. http://remidenjean.weebly.com
Texte extrait de le Vin, le Rouge, la Chine sur les investissements des Chinois dans les vignobles français : les 132 domaines sont décrits. 250 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset. Version papier, et sa numérique 8€ sur www.levinlerougelachine.com