30 09 19 – La nation retient son souffle © Le vent de la Chine. Le 70ème anniversaire de la République Populaire de Chine c’est demain, le 1er octobre 2019
La capitale a vécu sous une chape de plomb pendant quelques semaines. Les commerces n’ont plus le droit de vendre des couteaux, marteaux, et ciseaux. Tous les colis sont scannés au rayon X avant livraison, et les amateurs ayant commandé sur internet un drone ou une maquette d’avion télécommandé devront attendre après la fête nationale pour le recevoir. Cerfs-volants, lanternes, et vols de pigeons sont proscrits, les bouches d’égout sont scellées. Au Stade des Travailleurs, des chars à thème « faucille et marteau » ou « grands leaders communistes » sont garés en attendant le jour J. A tous les coins de rues, des calicots à la gloire du pays et de ses réalisations sont fièrement exhibés pour faire vibrer la corde nationaliste des passants. A Tangshan, ville voisine productrice d’acier, les quotas de production ont été réduits pour s’assurer un ciel azur des grands jours. Le contrôle de l’internet se fait également plus strict : la censure est renforcée et l’accès aux VPN presque impossible… Hu Xijin, le rédacteur en chef du Global Times, quotidien pourtant bien en ligne avec l’idéologie nationale, se plaint que même son journal soit affecté, alors qu’il défend régulièrement dans ses colonnes le concept de souveraineté numérique chinoise.
Chaque week-end, Pékin se fige le temps d’une répétition générale. Cela donne lieu à des situations ubuesques : des touristes interdits de quitter ou de regagner leur hôtel pendant presque 24h, ou des habitants bloqués au nord de ville, sans moyen de regagner leur domicile au sud… La nuit du 14 septembre, certains résidents avaient la surprise de voir défiler sous leurs fenêtres, à grand vrombissement, tanks, missiles, et autres véhicules amphibies…
En effet, au programme du 1er octobre 2019, pas d’excès de liesse populaire spontanée, mais un défilé de 100 000 militaires et un gala chorégraphié rassemblant 60 000 personnes dans la soirée. 42 médailles seront décernées. Parmi les huit personnalités qui recevront celle de la République, Yuan Longping, le père du riz hybride, Tu Youyou, la scientifique ayant reçu le prix Nobel pour avoir découvert l’artémisine, traitement antipaludéen, et Tung Chee-hwa, le tout premier Chef de l’Exécutif de Hong Kong. Quatre Lei Feng des temps modernes recevront le titre de héros du peuple, dont un policier ayant trouvé la mort dans une attaque suicide au Xinjiang et un autre soldat tué au Mali. Parmi les six étrangers recevant la Médaille de l’Amitié, l’ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, la princesse thaïlandaise Maha Chakri Sirindhorn, le cubain Raul Castro, la canadienne Isabel Crook, témoin des grandes mutations chinoises depuis 1915.
On l’aura compris, cette célébration « doit être parfaite et se dérouler sans aucun accroc » selon le Secrétaire de Pékin, Cai Qi. Au Hebei, les mines de charbon sont inspectées pour éviter tout accident qui pourrait gâcher la fête. Au Xinjiang aussi, le patron de la région Chen Quanguo appelle les forces de l’ordre à « rester sur leurs gardes, et maintenir la pression ». Dans le Shaanxi, tous les policiers se voient interdire de consommer la moindre goutte d’alcool, à domicile ou hors service ! A Hong Kong, on fait profil bas : les feux d’artifices sont annulés, et il n’y aura ni défilé, ni concert comme en 2009. Mieux vaut annuler les festivités sur place plutôt que de prendre le risque de s’y retrouver dans l’embarras. Aussi, des dizaines de dignitaires hongkongais les plus proches du régime dont la chef de l’Exécutif Carrie Lam, sont invités à Pékin ce jour-là.
Finalement, cette fête qui s’annonce comme fastueuse et triomphaliste, ne viserait-elle pas plutôt à regonfler la confiance du régime en lui-même, au moment où il doute le plus ? Car si tout allait pour le mieux, pourquoi ce besoin irrépressible de tout verrouiller…
Source © le Vent de la Chine
Célébré en très grande pompe, personne ne devait rater une miette du massif défilé du 70ème anniversaire de la RPC, ni du gala sur la place Tianan’men ce 1er octobre 2019.
A Pékin, seulement 30 000 habitants étaient conviés, triés sur le volet – une goutte d’eau dans l’océan des 23 millions d’âmes que compte la capitale. Alors, c’est sur les toits des immeubles qu’ils se consolèrent pour tenter d’apercevoir un bout de parade, une poignée d’avions de la parade aérienne et des reflets lointains du grand feu d’artifice. A Shanghai, ceux dont les ardeurs n’avaient pas été rincées par la pluie, s’étaient rassemblés à Nanjing Xi Lu devant l’écran géant… Las ! Celui-ci ne diffusait pas les spectaculaires images de la parade – sans doute pour éviter un remake du mouvement de foule meurtrier lors du nouvel an 2014. Mieux valait donc rester chez soi et profiter de la rediffusion du spectacle en direct à la télévision. Pour ce faire, le Département Central de la Propagande fit distribuer des TV LCD 32 pouces, made in China bien sûr, à 620 000 foyers de 24 régions parmi les plus pauvres du pays : un petit cadeau du Parti, célébrant la prospérité de la nation, et son esprit fraternel !
Un grand portrait de Mao Zedong a été présenté lors de la parade. Là où Mao avait annoncé la fondation de la RPC il y a 70 ans, une salve d’applaudissements a éclaté dans le public. Mr Xi et d’autres dirigeants se sont inclinés 3 fois devant la statue assise de Mao Zedong et ont rendu hommage au corps de Mao Zedong.
Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, a remporté la médaille de l’amitié.
« Aucune force ne pourra jamais ébranler le statut de la Chine, ou arrêter le peuple chinois et la nation dans sa marche en avant, » a déclaré le président chinois Xi Jinping. « Les Chinois de tous les groupes ethniques avaient fait de grandes réalisations qui ont étonné le monde au cours des sept dernières décennies grâce à des efforts concertés et à une lutte ardue ».
Pour le 70ème anniversaire de la RPC, Pékin recevait deux beaux cadeaux : un pont et un aéroport. On remarque leur design moderne, leur construction éclair, leur caractère innovant et leur touche française.
Lire : Pékin : le plus grand aéroport du monde est français et chinois https://www.hebdovinchine.com/pekin-plus-grand-aeroport-monde-francais-chinois/
Les 166 vignobles français achetés par les Chinois sont décrits : 154 Châteaux de Bordeaux, 10 vignobles en France, 2 Maisons de cognac.
Pourquoi ces vignobles sont-ils en vente ? Pourquoi les Chinois les achètent-ils ?
255 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset.
La version numérique en PDF mise à jour au quotidien – 8€, et la version papier en librairie mise à jour tous les 3 mois, sont en vente sur ce blog et sur mon site www.levinlerougelachine.com