En Chine – de l’enfant unique vers deux enfants

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30 10 15 – Le 29 octobre 2015, le Parti communiste chinois a annoncé « la pleine mise en place d’une politique permettant à chaque couple d’avoir deux enfants comme réponse active au vieillissement de la population »

En Chine – de l’enfant unique vers deux enfants

Dans l’éventualité d’une 3ème Guerre mondiale, la Chine rouge de Mao avait la stratégie du nombre : ainsi, entre 1950 et 1975, sa population est passée de 540 à 950 millions. Pour la nourrir, éviter les famines, la Chine a appliqué, en 1971, une politique de contrôle des naissances à trois enfants maximum pour les ruraux et à deux enfants maximum pour les citadins. Elle a été efficace en termes de baisse de la fécondité mais elle était peu stricte.
Deng Xiaoping, en arrivant au pouvoir en 1978, a mis en place en 1979 la politique de l’enfant unique, dusheng zinu, afin d’accélérer le développement du pays ; l’argument était économique. Le mot d’ordre ‘’un couple, un enfant’’ devait être respecté dans les villes. Les minorités ethniques (10%) avaient droit à trois enfants ; les gens des campagnes à un second enfant si le premier était une fille ou s’il était handicapé.
La croissance démographique a baissé.

La loi vient d’être abolie le 29 octobre 2015 pour autoriser un second enfant

En 1979, cette politique était autoritaire avec de fortes sanctions dissuasives ; l’enfant ‘’en trop’’ n’était pas pris en charge par les systèmes de santé et scolaire. Des stérilisations ou avortements ont été forcés dans les années 80 et 90. Selon Isabelle Attané de l’Institut national des études démographiques, «plus de la moitié des femmes chinoises sont aujourd’hui stérilisées». Des fonctionnaires qui ont eu un second enfant ont perdu leur emploi et les amendes pouvaient s’élever à l’équivalent d’une année de revenus.

A Pékin, un panneau prône la politique de l’enfant unique © AFP

Les conséquences

Certaines Chinoises des campagnes essentiellement, ne déclaraient pas la naissance du second enfant (mais si un enfant naissait dans la foulée, elles déclarent des jumeaux). Ces enfants sont nommés les enfants noirs, des enfants cachés qui étaient totalement en dehors de tout système et sans scolarité.

Dans la Chine confucéenne, il est préférable d’avoir des fils qui s’occuperont des parents. La fille doit apporter une dote ruineuse pour trouver un mari, et une fois mariée, elle doit rejoindre sa belle-famille et travailler pour elle. Le proverbe dit : «Elever une fille, c’est cultiver le champ de son voisin».
Déjà des bébés féminins étaient noyés dans la rivière du village, et avec la politique de l’enfant unique, il était d’autant plus indispensable d’avoir un garçon. Les filles ont donc continué d’être sacrifiées. L’échographie était interdite car elle permettait de sélectionner le fœtus in utero; les femmes la faisaient en cachette ou utilisaient une machine à ultrasons.

Le déséquilibre homme-femme est marquant. Il manque près de 60 millions de filles. Les premiers enfants uniques, en majorité de garçons, ont 35 ans et un quart d’entre eux est célibataire faute de partenaires. Leur frustration a provoqué des violences en tout genre et des enlèvements de jeunes filles pour les marier de force.

Ces enfants uniques tant désirés sont choyés par leurs parents et grands-parents. La structure de la famille chinoise a fondamentalement changé : les 6 adultes sont fascinés par leur unique progéniture. Alain Peyrefitte écrivait les propos d’un enfant-roi : ‘’Mon grand-père fait tout ce que je veux. Ma grand-mère me donne tout ce que j’aime. Ma mère ne veut pas me quitter. Mon père ne me fait pas peur car il craint mon grand-père. Pour mon grand-père, je suis plus important que mon père.’’ La Chine s’est éveillée (éd. Fayard 1997).
Mais certains enfants subissaient la pression des six adultes qui misaient tout sur eux, donnaient tout pour qu’ils soient dans la meilleure école, fassent les meilleures études …Quelques-uns se sont suicidés pour n’avoir pas réussi, n’avoir pas pu faire face à cette pression, avoir déçu – c’était la première cause de mortalité chez les 15 – 34 ans.

A partir des années 2000, la Chine a commencé à vieillir à un rythme soutenu.
En 2002, l’interdiction du deuxième enfant ne concernait plus que les grandes villes. En payant une somme importante, les Chinois citadins avaient un deuxième enfant. «Nous appelions ça une amande» me dit Ding Ning. « 5000 yuans c’était beaucoup
En 2013, la loi a permis aux Chinois d’avoir deux enfants, gratuitement, si l’un des deux parents était lui-même enfant unique. Seulement 10 % des couples ont eu leur second enfant, car élever un enfant coûte cher en Chine (santé, scolarité, tout est payant…) et les prix de l’immobilier sont élevés.

Malgré tout, cette politique «a empêché à environ 300 millions de bébés de voir le jour», précise la démographe et sinologue Isabelle Attané.

enfant-unique-lemairephoto © Greg Baker / AFP

Aujourd’hui, le problème de financement des retraites se pose car les actifs ne sont plus assez nombreux. Il est même probable que le gouvernement reconnaisse les enfants noirs.
Cette fin de la politique de l’enfant-unique pour deux enfants donne aux Chinois l’impression d’être un peu plus libres, et la plupart des couples qui veut un seul enfant souhaitera toujours un garçon.

A Shanghai, une étude réalisée en mars 2015 explique que seules15 % des femmes de la ville la plus peuplée du pays seraient désireuses d’avoir deux enfants ; 58 % d’entre elles citaient le poids financier comme principale raison de ce refus. Il y a très peu de structures d’accueil, et quand elles existent, elles sont chères, tout comme le système de santé. Les études supérieures coûtent très cher également. Créer une famille chinoise impose un budget considérable.

L’autorisation accordée à tous les couples d’avoir deux enfants ne devrait pas permettre d’assister à une remontée de la fécondité chinoise.

le Vin, le Rouge, la Chine

Lire le Vin, le Rouge, la Chine sur les investissements des Chinois dans les vignobles français www.levinlerougelachine.com

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