13 04 15 – La librairie parisienne Le Phénix est discrètement passée sous pavillon chinois le 29 janvier 2015
Article tiré des informations de Pierre Haski
La librairie parisienne Le Phénix, fondée il y a un demi-siècle par Régis Bergeron (1923-2007), journaliste communiste converti au maoïsme après 2 ans à Pékin, est passée sous pavillon chinois. Le fonds et les murs de cette librairie spécialisée sur les publications du monde chinois, ont été acquis pour 2 millions d’€ en novembre 2014 par un groupe étatique chinois. Cette vente est passée inaperçue.
La librairie a connu plusieurs vies : de lieu de propagande où étaient vendus les exemplaires du Petit Livre rouge tant prisés des «maos» français pendant la Révolution culturelle, Le Phénix s’est transformé en une librairie pluraliste, organisant régulièrement des rencontres avec des auteurs, français ou chinois. Ayant survécu à un violent attentat en 1980, sans doute perpétré par l’extrême droite, elle s’était aussi ouverte aux voix critiques sur la Chine, prenant même position en faveur du mouvement démocratique de Tiananmen en 1989.
Le nouveau propriétaire, qui fait de l’import-export de livres est China International Book Trading Corporation, filiale du puissant groupe d’édition public China International Publishing Group.
Le quotidien Le Monde, qui annonçait ce changement de mains, posait la question de la liberté intellectuelle : “peut-on craindre une “mise au pas” de la librairie sur des sujets sensibles, comme le Tibet par exemple, alors que Pékin, obsédé par le soft power, est engagé dans une vaste offensive pour redorer son image dans les pays étrangers ?” Philippe Meyer, le directeur de la librairie, explique en avoir discuté lors des négociations. “Ils ne m’ont pas donné de garanties, mais il y a une équipe de libraires qui va continuer à défendre les différents points de vue, et s’ils vont trop loin, la sanction viendra des clients. C’est le pari que je fais” .
La sinologue Marie Holzman, connue pour ses positions critiques envers le régime chinois, s’inquiète, elle, d’un “rétrécissement des libertés” .
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