Patrick de Hoym de Marien – la cave de Castelmaure

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Statue d’un travailleur chinois gare de Lyon à Paris
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le Château Segonzac de Kelvin Li – Intronisations
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24 09 18 – « Avant, j’étais agriculteur céréalier et éleveur producteur laitier avec mon père. Puis, je me suis installé dans les Corbières chez ma femme en 1976, au domaine viticole de ses parents. Si nos vingt hectares de vignes sont perchés au bout du monde, la cave coopérative tient le centre du village. Je ne suis pas dans le vin par vocation mais aujourd’hui par passion

La cave de Castelmaure vous en fait boire de toutes les couleurs
Patrick de Hoym de Marien

Pour être producteur de vins il faut apprendre à vendre, en tentant d’échapper à certains systèmes de distribution qui répartissent mal les marges. Je me suis attelé à cette tâche. A cette époque, l’Europe aidait les vignerons à réaménager leur vignoble, des primes étaient accordées pour planter des vignes, je me suis engouffré là par besoins économiques. J’ai renouvelé et agrandi les vignobles.

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La cave coopérative de Castelmaure existe depuis 1921, c’est une des premières du Languedoc. Mes beaux-parents y apportaient leurs raisins. A mon arrivée, un jeune directeur, l’œnologue Bernard Pueyo venait de s’y installer ; on a travaillé ensemble, on a développé les vendanges à la main ; il est resté trente-cinq ans à la cave, il est parti à la retraite depuis deux mois. Quant à moi, je suis président depuis trente et un ans, élu par les adhérents en 1987. Depuis, la cave et moi avons évolué, je me suis passionné pour le vin au fil du temps.

Avec Bernard, nous avons réussi à sortir la cave du lot en faisant du bon vin et en l’améliorant sans cesse. Notre concept est de préserver le vignoble : l’ensemble des parcelles, environ sept cent soixante, a été inspecté et répertorié sur ordinateur ; chacune est suivie de façon individuelle. Nous avons renouvelé et planté de nouveaux cépages pour suivre le cahier des charges de l’appellation ; certains carignans mal adaptés ont été remplacés par des syrahs, des grenaches et, plus récemment, par des mourvèdres. Et surtout, nous avons conservé nos méthodes de cueillettes manuelles pour l’intégralité des vendanges, en petites comportes afin de préserver au mieux le fruit et ses arômes. On est moderne pour certaines choses mais pas pour d’autres. On a plutôt mis l’accent sur la modernité de nos vins.

Enfin, nous nous sommes penchés sur la vente directe et nous avons percé peu à peu. J’ai démarché pendant des années en allant partout, ce qui m’a permis de visiter la planète et de créer un réseau solide. Aujourd’hui, nous sommes ouverts à l’export dans le monde entier.

La cave coopérative compte soixante adhérents et nous sommes quinze à vivre de notre vin, représentant quatre-vingt-dix pour cent de la production. Ils sont tous très concernés et s’investissent. Les quarante-cinq autres ont peu d’hectares et une autre profession. Ainsi, la cave vendange quatre cent cinquante hectares.

Entre autres cuvées, il y a le Castelmaure rouge qui représente cinquante pour cent de la production, avec une moitié de carignan, du grenache et de la syrah. La Pompadour bénéficie d’une sélection parcellaire plus stricte, avec les même cépages, puis passée en fûts de chêne huit mois ; elle est à huit euros quarante. La Grande cuvée a du grenache et de la syrah, elle est moins tannique, plus soyeuse, plus féminine. Le n°3 a les trois cépages à raison d’un tiers chacun, triés, sélectionnés par trois vinificateurs dont Michel Tardieu ; elle est à vingt euros pour une production de quarante mille bouteilles annuel ; nous sommes très fiers de ce résultat. On fait aussi des cuvées one-shot. La cave sort plus d’un million de bouteilles par an. »

Le terroir de Durban mêle coteaux, calcaires et schistes, qui s’entrelacent pour créer des vins d’une typicité unique. Ces Hautes-Corbières respirent le soleil, le Sud et sa garrigue.

« C’est un jeune dynamique, Antoine Robert qui remplace Bernard Pueyo ; il est ingénieur agronome, œnologue. Antoine a quitté l’Australie pour se joindre à nous et il est donc le nouvel homme orchestre de la cave, à la tête d’une équipe exceptionnelle de dix personnes.

J’ai toujours trouvé Bernard Pueyo éblouissant ; on va donc suivre sa ligne dans un premier temps. Antoine Robert est un chercheur de vignobles, c’est sa force ; nous montons un projet viticole dans ce sens, une recherche de terroirs, des morceaux de parcelles. Je suis né en 1951, je vais passer la main dans peu de temps, et avant, j’aimerai aussi réaliser des petites vinifications pour du très haut de gamme, avec un équilibre de qualité et de prix ; car c’est le succès de notre cave : la qualité au prix juste.

Avec Bernard, nous avions une liberté d’entreprendre. A Castelmaure, les vignes ont connu une révolution pacifique, au chai également. Cette cave coopérative est une entreprise qui fait régulièrement de gros investissements; mais lorsqu’on gère avec soin et qu’on prend en compte l’aspect économique fort, on réussi. »
Patrick de Hoym de Marien fait vivre cette terre précieuse des Corbières en chaque verre de Castelmaure.

Propos recueillis par Laurence Lemaire Photo © Bruno Doan

le Vin, le Rouge, la Chine

Edition n°13
Les 159 vignobles français achetés par les Chinois sont décrits : 147 Châteaux de Bordeaux, 10 vignobles en France, 2 Maisons de cognac.
Pourquoi ces vignobles sont-ils en vente ? Pourquoi les Chinois les achètent-ils ?
255 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset.
Version numérique en PDF mise à jour au quotidien – 8€, et sa version papier en librairie mise à jour tous les 3 mois sont en vente sur ce blog et sur le site www.levinlerougelachine.com

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