05 06 19 – Célèbre croqueur du quotidien, l’artiste Sempé dévoile sa jeunesse bordelaise à l’occasion d’une vaste exposition rétrospective au nouveau Musée Mer Marine. Source Vitisphere du 2 juin 2019 Alexandre Abellan
Avant d’acquérir la finesse et l’élégance qui font sa marque de Paris Match au New Yorker, Sempé a fait ses premières armes de dessinateur sur les bons de commandes des courtiers de Bordeaux assermentés.
Les habitués des facéties du Petit Nicolas ne seront pas surpris outre mesure : adolescent bordelais, Jean-Jacques Sempé était un livreur pour le moins dissipé pour le courtier en vins Giovetti. Continuant son habitude de collégien de dessiner dans les marges, il truffait de croquis les bons de commandes et papiers à en-tête de son employeur.
Mais son emploi « mal payé » n’aura pas duré, Sempé ayant été renvoyé « après plusieurs erreurs tragiques [d’assemblages,] il donnait à un vin médiocre des qualités de grand cru classé » rapporte Martine Gossieaux, la commissaire de l’exposition temporaire Sempé en liberté, qui vient d’ouvrir au Musée de la Mer Marine de Bordeaux (jusqu’au 6 octobre 2019).
« J’étais livreur, mais je faisais quand même des mélanges… » se souvient Jean-Jacques Sempé dans le livre d’entretiens Sempé, Itinéraire d’un dessinateur d’humour (éditions Martine Gossieaux). « Et je piquais du vin » avoue-t-il avec malice, expliquant que « le courtier prélevait, chez les propriétaires, des échantillons. Et moi, de temps en temps, je prélevais mes propres échantillons pour les mettre dans une demi-bouteille et les vendre. » S’agissant de grands crus classés, l’opération de marché noir semblait fructueuse.
Parmi les 300 dessins de Jean-Jacques Sempé exposés à Bordeaux, la première vitrine conserve ses croquis de jeunesse. Souvenirs d’une origine bordelaise dont l’artiste n’hésite pas à se revendiquer avec humour.
Photos © Alexandre Abellan
Fêtant ses 65 ans d’existence, le petit Nicolas a été créé par le dessinateur Jean-Jacques Sempé pour le journal belge Moustique. « Je proposais régulièrement des dessins mettant en scène un petit garçon. Le directeur m’a demandé de lui trouver un prénom. Une publicité pour les vins Nicolas m’a donné l’idée ». Un baptême au vin qui pourrait expliquer la présence récurrente de la couleur rouge sur les habits du Petit Nicolas, de sa cravate à son gilet. Le Petit Nicolas est devenue une série mondiale avec 15 millions d’exemplaires vendus dans 45 pays selon son éditeur, dont 300 000/an en France.
Quant aux autres noms de la série, d’Alceste à Rufus, Cloraire et Maixent, ils sont nés de la fertile imagination de René Goscinny.
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