Coronavirus en Chine : à Pékin, le marché de Xinfadi est au cœur de nouvelles contaminations

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16 06 20 – Les 250 cas de Covid-19 (ou 106 selon les medias) découverts à Pékin sont liés au plus grand marché alimentaire de gros du pays, voire d’Asie, le marché de Xinfadi 新发地 Pékin compte 21 millions d’habitants. Pour le professeur Didier Pittet, épidémiologiste et médecin infectiologue aux Hôpitaux universitaires de Genève, il n’y a pas lieu de s’inquiéter suite à ces nouveaux cas : « Il n’y a pas de raison de s’alarmer, dit-il au Figaro. Le phénomène est même plutôt rassurant car il témoigne du fait que la politique de dépistages et de tests reste en vigueur. Cela rentre dans le cadre normal de la surveillance normale de l’après première vague. »

Le marché de Xinfadi de Pékin en Chine – covid 19

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Le marché de Xinfadi à Pékin

Ouvert il y a 30 ans, ce marché, situé à 20 km au sud-ouest de la Cité interdite, s’étend sur une surface équivalente à 157 terrains de football, soit 20 fois plus que le marché de Huanan à Wuhan où a débuté la pandémie de covid 19. Chaque jour, 15 000 personnes et 3 000 camions de livraison transitent par ce Rungis chinois. 1 500 tonnes de poissons et fruits de mer, 18 000 tonnes de légumes et 20 000 tonnes de fruits y sont écoulées toutes les 24h, fournissant ainsi plus de 80% des produits maraîchers de la ville.
Le marché de Wuhan est situé près de la gare de Hankou au centre-ville, et le marché de Xinfadi de Pékin avoisine une station de bus longue distance.
Zhang Wenhong, épidémiologiste à l’hôpital Huashan de Shanghai, explique au Figaro : « La bonne nouvelle est que tous les cas sont liés au marché, cela veut dire que nous sommes au début de la chaîne de propagation et qu’elle est contrôlable. La mauvaise nouvelle est qu’il y a un trafic extraordinaire à Xinfadi. » En effet, depuis le 30 mai, quelque 200.000 personnes ont visité ce marché de fruits et légumes.

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La zone du marché de Xinfadi est fermée

Le 11 juin 2020, Monsieur Tang, 52 ans, était diagnostiqué positif après être allé au marché de Xinfadi 7 jours plus tôt. Surnommé le papi du district de Xicheng où il vit, il confessait sur son lit d’hôpital « avoir seulement voulu acheter du poisson pour ses enfants ».
Le marché a fermé ses portes 48h plus tard. La zone de Xinfadi est donc bouclée et seuls quelques marchands de légumes sont autorisés à vendre leurs produits à l’extérieur de l’enceinte. Sur ordre des Autorités, des dizaines d’autres marchés ont également fermé et plus de 300 sont en cours de désinfection. Des campagnes de dépistage massives ont été mises en place avec des centres de tests dans les rues pour la population : plus de 90 000 personnes ont déjà été testées.
Une fois le marché rendu inaccessible au public, les scientifiques ont effectué des prélèvements par 3 fois – le marché de Huanan à Wuhan avait été consciencieusement désinfecté avant que les experts ne puissent y accéder ! « La forte concentration du virus, retrouvée au marché de Xinfadi dans les zones humides et froides vendant du poisson et de la viande, peut être expliquée par la présence de nombreux cas asymptomatiques ou légers au marché dès le mois précédent », explique Gao Fu, directeur du CDC – Chinese Center for Disease Control and Prevention. Une conclusion qui rejoint celle des experts européens et américains qui ont constaté, face à une recrudescence des cas dans les abattoirs et usines de transformation de viande, que le virus résiste bien au froid.
Les quartiers résidentiels proches des marchés ont été fermés et les habitants mis en quarantaine pour 14 jours. Des agents ont désinfecté les rues et les habitations. Pékin a fermé ses sites culturels et touristiques ainsi que ses écoles – photo ci-dessous.

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Les poissons responsables ?

Les 1ères constatations, quant à l’origine du virus retrouvé à Pékin, pointaient vers les importations de saumon, des traces du virus ayant été retrouvées sur des planches à découper ce poisson. « Pourtant aucune contamination n’a eu lieu dans des restaurants à sushis ni dans d’autres villes de Chine », a déclaré Zhong Kai, directeur du Centre d’information alimentaire chinois. Il est donc improbable que le saumon lui-même soit un hôte intermédiaire du Covid-19. La présence d’eau et de produits surgelés, propres au commerce de poissons, seraient-ils favorables à la circulation du virus ? Les experts s’accordent à dire que les poissons ne peuvent pas être infectés.

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Le virus vient de l’étranger

La thèse voulant que le virus vienne de l’étranger n’a pas été écartée. Les analyses du génome du virus retrouvé à Pékin, dont 3 séquences ont été partagées sans délai avec l’OMS sur une base de données internationale – GISAID Global Influenza Surveillance and Response System, ont révélé une souche courante en Europe. « Étant donné que la souche européenne circule désormais partout dans le monde, et dans le nord-est de la Chine venue de Russie, cela ne veut pas forcément dire que le virus retrouvé à Xinfadi vienne d’Europe », a rappelé le CDC européen. D’après Zhang Yong, chercheur à l’institut national de virologie, la souche détectée à Xinfadi n’est pas la plus courante en Europe aujourd’hui.
15 600 prélèvements ont été effectués à travers le pays sur des produits importés « de pays à risque emballages compris ». Tous sont revenus négatifs.
S’interrogeant sur la possibilité que le virus ait été introduit au marché de Huanan à Wuhan par des poissons ou fruits de mer importés – leurs étals étaient proches de la viande sauvage, les autorités du Hubei ont effectué 3 000 prélèvements au sein de 114 marchés et 107 supermarchés. Aucune trace du virus…

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Ces marchés chinois ont été bâtis il y a 20 ou 30 ans

En attendant de déterminer avec certitude l’origine du virus de Xinfadi, les Autorités pékinoises veulent démontrer leur sérieux et leur transparence qui ont tant fait défaut à Wuhan. Les meilleurs experts du pays mènent l’enquête et communiquent quotidiennement, tandis que la Commission centrale d’Inspection de la Discipline (CCID) veille au grain : « Ce nouveau foyer d’infection de Xinfadi reflète non seulement l’insalubrité et le désordre régnant dans ces marchés, mais aussi leur gestion plus que médiocre. Le manque d’hygiène et les vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement doivent être réglés en urgence ». On note que ces marchés ont été bâtis il y a 20 ou 30 ans et que leur système de retraitement des eaux usées est vieillissant.

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La consommation et le commerce des animaux sauvages

La découverte du Covid-19 au marché de Huanan à Wuhan a poussé la Chine à interdire la consommation et le commerce des animaux sauvages. Aujourd’hui, les experts s’interrogent. Aucune viande exotique n’étant vendue au marché de Xinfadi à Pékin, les scientifiques auraient-ils fait fausse route ? Le fait que 2 marchés soient touchés par le Covid-19 à 4 mois d’intervalle est-il vraiment une coïncidence ? Fallait-il attendre que le « cœur politique » du pays soit touché pour que la menace sanitaire que représentent ces marchés – dont l’environnement est favorable à la prolifération des virus, soit prise en compte ? Cette prise de conscience en haut lieu suffira-t-elle à remettre en cause ces marchés humides, et culturellement appréciés pour la fraîcheur de leurs produits ? Autant de questions soulevées. A suivre…

Aujourd’hui, aucun décès parmi les personnes testées positives à Pékin n’est à déplorer.

En Chine, les chats et les chiens sont désormais interdits à la consommation

Un article déconseillé aux âmes sensibles sur https://www.hebdovinchine.com/chine-chien-chat-interdit-consommation-coronavirus/

le Vin, le Rouge, la Chine

Les 170 vignobles français achetés par les Chinois sont décrits : 158 Châteaux de Bordeaux, 10 vignobles en France, 2 Maisons de cognac.
Pourquoi ces vignobles sont-ils en vente ? Pourquoi les Chinois les achètent-ils ?
255 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset.
Depuis 6 ans, la version numérique en PDF est mise à jour au quotidien – 8€, et la version papier en librairie est mise à jour tous les 6 mois ; en vente sur ce blog et sur le site www.levinlerougelachine.com

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