27 02 15 – Des étudiants chinois viennent se former à Bordeaux dans les filières du commerce du vin, la sommellerie et la restauration
Certains restent travailler en France ; d’abord stagiaires, ils sont embauchés par les propriétaires chinois de 102 châteaux en bordelais. Des viticulteurs qui souhaitent exporter leur vin en Chine apprécient ces médiateurs qui les aident à mieux appréhender les pratiques commerciales, les subtilités de la négociation et les goûts chinois. Les autres étudiants savent qu’ils n’auront aucune difficulté à trouver un emploi de retour dans leur pays.
Au début des années 2000, les étudiants étaient des passionnés ayant vécu en France. A partir des années 2008-2009, des jeunes ont été poussés par leur famille pour apprendre à faire des affaires dans les domaines du vin. Bordeaux représente le monde du vin français ; pénétrer ce milieu fermé est un signe de prestige social pour les Chinois.
La notion de terroir les intrigue beaucoup, les différentes appellations sont un casse-tête français. Mais ils sont motivés et opportunistes. Le nerf de la guerre est de nouer des contacts, créer un réseau.
L’INSEEC ou l’IPC Vins doivent refuser des candidatures en croissance régulière par manque de place ; de 10 à 13% de leurs étudiants sont chinois. A la Cafa, les Chinois représentent 48% des effectifs de la formation de sommellerie. Idem à l’IBES pour suivre la formation d’oenotourisme. Christophe Grosjean, responsable pédagogique au lycée agricole EPLEFPA propose une formation à destination d’étudiants chinois. Kedge fait une formation de 3 mois en anglais. L’IAE forme au Droit de la vigne et du vin. Depuis un an, l’Ecole du Vin a une formation Dégustation-Conseiller en vin. L’EBBS Wine proposera son Bachelor Wine business en septembre 2015.
Mais ces écoles coûtent cher : le coût annuel varie de 3 800 à 20 000 euros, hors hébergement. La plupart des étudiants sont issus de milieux sociaux aisés, voire très riches ; ils ont fait des études en Chine et suivi des cours de langue à l’Alliance française. Ces deux dernières années, des étudiants de milieux plus modestes travaillent les week end pour payer leurs études viticoles.
Lors des séances de dégustations dans les différents châteaux, les étudiants se prennent en photo et les mettent immédiatement sur les réseaux sociaux. Ces images sont stratégiques car elles prouvent à leurs futurs employeurs qu’ils sont allés dans le Saint des saints du vin.
Li Lijuan lors de la remise des diplômes © l’Inseec 2013
On dénombre 31 000 étudiants chinois en France – dont 3 000 à Bordeaux, 19 000 en Allemagne, et plus de 10 000 en Italie. Leur 1er choix reste les Etats-Unis, puis l’Europe depuis quelques années. Le gouvernement français offre chaque année près de 640 000 euros de bourses, tout cursus confondu, afin que les Chinois puissent étudier dans les plus prestigieuses écoles comme Polytechnique. Elles forment des futurs responsables, des intermédiaires très utiles qui ouvriront le marché chinois aux entreprises européennes.
La liste des écoles de vin :
Lire le Vin, le Rouge, la Chine sur les investissements des Chinois dans les vignobles français : les 112 domaines sont décrits. 232 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset. Versions papier et numérique 8€ seulement, sur www.levinlerougelachine.com