06 01 21 – Où est passé Jack Ma, le milliardaire chinois fondateur du site d’e-commerce Alibaba ? Aurait-il subi la colère de Pékin ? En effet, Jack Ma ne donne plus signe de vie depuis son discours critique à l’encontre des Autorités chinoises, prononcé à Shanghai le 24 octobre 2020
Devant un parterre d’entrepreneurs et de responsables politiques chinois, il avait attaqué les banques publiques chinoises et appelé à l’établissement « d’un système financier plus sain ». Jack Ma a eu des mots durs, parlant de « la mentalité de prêteurs sur gages » et les comparants aux banques ; « le système financier d’aujourd’hui est l’héritage de l’ère industrielle. Nous devons en créer un nouveau pour la prochaine génération et les jeunes. Nous devons réformer le système actuel » a-t-il dit.
C’est à vous de France 5 diffusait cet extrait le 5 janvier 2021 : « La Chine n’a quasiment pas de système financier, la Chine a énormément de grosses banques. Elles sont comme de grandes rivières ou artères ; mais aujourd’hui c’est d’étangs et de ruisseaux dont nous avons besoin, toutes sortes de marais. Sans ses parties de l’écosystème nous mourrons, noyés lors d’inondations. Aujourd’hui nous sommes un pays qui risque de manquer d’un système financier efficace. » « Jack Ma devait se croire intouchable pour avoir un tel discours, reprenait Emilie Tran Nguyen. C’est raté »
Son discours lui a coûté 35 milliards de dollars, car, une semaine plus tard, le gouvernement chinois a fait annuler l’introduction en Bourse, de Shanghai et de Hong Kong, d’Ant Financial Group, la société de services de paiements en ligne de Jack Ma, qui devait rapporter 35 milliards de dollars. Depuis, l’action du groupe Alibaba est en chute libre. « Le Parti communiste chinois rappelle ainsi que peu importe votre richesse ou votre réussite, il peut tout vous enlever en un claquement de doigts si vous prenez trop de liberté », écrivait début novembre Bill Bishop, l’auteur de Sinocism, newsletter consacrée à l’actualité chinoise.
Mi-septembre 2020, les Autorités chinoises avaient publié une directive appelant les entrepreneurs du privé à renforcer la loyauté et le respect envers le Parti ; elle insistait aussi sur l’importance de l’éducation idéologique et politique des patrons du privé.
On note les pressions sur des chefs d’entreprise chinois : en septembre 2020, Sun Dawu, le fondateur de l’un des plus importants producteurs de poulets du pays, a été arrêté après avoir dénoncé sur les réseaux sociaux « la corruption d’édiles locaux ». En novembre, le riche banquier Li Huaiqing accusait de corruption plusieurs membres influents du Parti communiste ; il a eu une peine de prison de 20 ans.
Lors de la campagne anticorruption menée par le président chinois Xi Jinping, entre 2015 et 2017, l’économiste Mike O’Sullivan note que « une douzaine d’influents hommes d’affaires, dont Guo Guangchang le patron du Club Med, s’étaient volatilisés pendant plusieurs semaines avant de réapparaître publiquement tout aussi mystérieusement en assurant soit qu’ils avaient eu des problèmes personnels, soit qu’ils avaient collaboré avec les autorités ».
Jack Ma n’a pas été officiellement arrêté ou accusé de quoi que ce soit. « Les autorités prennent peut-être davantage de pincettes avec une personnalité aussi importante, poursuit l’économiste Mike O’Sullivan. On en saura peut-être un peu plus lorsqu’il réapparaîtra. À moins qu’il ne tombe dans la catégorie des chefs d’entreprise ayant eu des problèmes personnels ».
Une enquête vient d’être lancée sur les pratiques anti-concurrentielles d’Alibaba.
Africa’s Business Heroes est une émission de télévision dénicheuse de talents – startups et entrepreneurs africains ; elle connaît le succès grâce à l’alléchant gain de 1,5 million de dollars promu au vainqueur. Jack Ma devait être un des juges en novembre 2020. Il a été remplacé par Lucy Peng, une cadre d’Alibaba, et l’émission a été décalée au printemps prochain. « En raison d’un conflit horaire, M. Ma ne pouvait plus faire partie du jury final », a simplement indiqué lundi 4 janvier un porte-parole d’Alibaba. La photo du milliardaire a été supprimée du site web de l’émission puis retirée d’une vidéo de promotion.
Jack Ma a acheté Château de Sours dans l’Entre-deux-Mers en Gironde, en février 2016, et il n’investit pas à moitié dans son vignoble bordelais ; c’est sans commune mesure avec les normes habituelles. Parcourir les vignes, bois et jachères de Château de Sours donne le tournis, tant le projet vitivinicole déployé se place hors de tous les canons habituels des investissements dans l’agro-écologie. En faire le tour tient plus d’un rutilant parc d’attractions que de l’habituelle ferme en permaculture. Sur 200 hectares, dont 80 de vignes tout est labouré, soigné et propre.
Jack Ma serait il caché au château ?
Lire mon article : Le futur de Château de Sours, propriété du chinois Jack Ma, c’est la permaculture
Le futur de Château de Sours, propriété de Jack Ma, c’est la permaculture
Les 170 vignobles français achetés par les Chinois sont décrits dans mon livre : 158 Châteaux de Bordeaux, 10 vignobles en France, 2 Maisons de cognac.
Pourquoi ces vignobles sont-ils en vente ? Pourquoi les Chinois les achètent-ils ?
230 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset.
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