La pandémie de 2020 a renforcé le pouvoir du président chinois Xi Jinping

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08 01 21 – Un an après le début de la pandémie à Wuhan, le président chinois célèbre son combat contre le coronavirus, au moment où l’Europe et les Etats-Unis peinent à l’enrayer.
Les Occidentaux ne se font plus aucune illusion sur leurs capacités à influer sur le cours des événements à Pékin. Tout juste cherchent-ils à contenir sa montée en puissance – les Etats-Unis ou profiter de son dynamisme – tous les autres
Source © Frédéric Lemaître, correspondant à Pékin pour Le Monde

Les crises de 2020 ont renforcé le pouvoir de Xi Jinping

Un drapeau planté sur la Lune, un ordinateur quantique qui rend les supercalculateurs occidentaux obsolètes, des dizaines de millions de doses de vaccins promis à un prix dérisoire aux pays émergents, une économie qui repart sur les chapeaux de roues et un accord sur les investissements avec l’Union européenne… La Chine termine l’année 2020 en fanfare. Le contraste avec l’Europe et les Etats-Unis pris au piège de la pandémie est saisissant.

Au 1er semestre, certains observateurs anglo-saxons, y compris la Maison Blanche, avaient qualifié l’épidémie de Covid-19 de « moment Tchernobyl » pour le Parti communiste chinois. Une catastrophe résultant d’un pouvoir autoritaire qui, cherchant à dissimuler celle-ci, ne parvient qu’à l’amplifier et provoque, en retour, sa propre chute. Il s’est passé plus de cinq ans entre la catastrophe nucléaire en Ukraine en avril 1986 et l’effondrement de l’URSS en 1991. Il faut donc rester prudent. Mais un an après l’apparition des premiers cas de Covid-19 à Wuhan, tout indique que le pouvoir de Xi Jinping s’est au contraire renforcé.
Si « moment Tchernobyl » il y a, peut-être concerne-t-il l’Occident. Donald Trump a discrédité la démocratie au-delà des espérances des dictateurs de tout poil et l’Europe voit deux de ses piliers remis en cause par le virus : la libre circulation de ses citoyens et l’excellence supposée de son système de santé.

L’Occident ne fait plus rêver les Chinois. Grands adeptes des classements en tout genre, ceux-ci ne voient plus qu’un domaine où les pays occidentaux ont encore de l’avance : l’enseignement supérieur. Mais, si la bourgeoisie chinoise continue d’économiser pour envoyer ses enfants dans les meilleurs campus anglo-saxons – une fois que l’épidémie sera maîtrisée –, ce n’est plus pour permettre à ceux-ci d’émigrer mais pour qu’ils occupent les meilleures places, à leur retour, dans la Chine de demain.

Xi-jinping-parti-lemaire-hebdo-vin-chineXi Jinping au Palais de l’assemblée du peuple le 27 mai 2020 à Pékin © Andy Wong / AP

Le Monde selon Xi Jinping

« Il n’y avait pas eu depuis Mao, une telle concentration du pouvoir dans les mains d’un seul homme », décryptait François Bougon, journaliste au Monde, ancien correspondant à Pékin ; il témoignait dans Le Monde selon Xi Jinping, réalisé début 2020 par Sophie Lepault et Romain Franklin. Durant 75 minutes, ce reportage dépeignait un portrait de ce « prince rouge », humilié durant sa jeunesse par le parti communiste, devenu président à vie de la Chine depuis le 11 mars 2018. Le Monde selon Xi Jinping a été diffusé le 24 mars 2020 sur Arte.

Né en 1953, il est le fils d’un cadre de la République, Xi Zhongxun, ancien vice-Premier ministre. Il vit de manière fastueuse jusqu’à la Révolution culturelle et l’arrestation de son père pour trahison. À l’âge de 9 ans, le jeune Xi passe d’un statut de privilégié à celui de paria. Il doit répudier publiquement son père lors de séances publiques de critiques. Les gardes rouges l’obligent à répéter des citations de Mao Zedong et l’enfant s’imprègne alors des phrases du Grand Timonier. Comme frappé par le syndrome de Stockholm, il décide de s’engager pleinement dans le Parti communiste après avoir été envoyé pendant sept ans, de 15 à 22 ans, à la campagne pour apprendre « le travail à la dure » aux côtés de paysans.
Il faut attendre 1979 pour que Xi Jinping obtienne sa carte du Parti et que ses ambitions politiques débutent, car la même année, son père, libéré et réhabilité, lui ouvre ses réseaux politiques. Dès lors, il gravit toutes les marches du pouvoir en partant du plus bas, et se fait remarquer par les anciens du Parti. En 2007, il est choisi pour devenir le Premier secrétaire du secrétariat central du Parti communiste chinois avant d’être numéro 1 du parti en 2012 puis Président de la République populaire de Chine en 2013.
Dès lors, Xi Jinping lance le projet des Routes de la soie. Subtilement, il achete en totalité ou en partie des points stratégiques comme le port du Pirée en Grèce et l’aéroport de Toulouse en France. Tous les continents sont dans son viseur. En Chine, il utilise son pouvoir économique pour faire taire les critiques, mais utilise les étudiants chinois d’outre-mer et les politiciens étrangers qui lui sont favorables. Outre l’économie, Xi Jinping mise sur l’armée : en quatre ans, son pays a construit l’équivalent de la Marine française en nombre de bateaux et de sous-marins, soit environ 80 bâtiments.

« La Chine a déjà réussi à affaiblir les valeurs des droits de l’Homme au niveau mondial », expliquait Yu Jie, biographe de Xi Jinping en exil aux États-Unis. La liberté d’expression n’est pas une chose qu’apprécie le président chinois. Il travaille sur le Crédit social, un système généralisé de contrôle de la population qui peut régir tous les aspects de la vie des citoyens : les chinois sont notés suivant leurs actions et leurs avis, et selon leurs notes, ils pourront ou non voyager à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, ou encore pratiquer certains métiers.

Le président chinois veut faire de son pays la 1ère puissance mondiale sur tous les plans – économique, militaire et politique d’ici 2049, année du centenaire de la République populaire.  
Aujourd’hui, les démocraties traitent avec lui.

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le Vin, le Rouge, la Chine

Les 170 vignobles français achetés par les Chinois sont décrits dans mon livre : 158 Châteaux de Bordeaux, 10 vignobles en France, 2 Maisons de cognac.
Pourquoi ces vignobles sont-ils en vente ? Pourquoi les Chinois les achètent-ils ?
230 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset.
Version numérique en PDF – 8€ – mise à jour au quotidien, et sa version papier – 20€ – en librairie mise à jour tous les 6 mois depuis 7 ans, sont en vente sur le site www.levinlerougelachine.com

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