25 12 14 – La fête de Noël en Chine et la religion
En France, il y a 70 ans, Noël était une fête religieuse et une réunion familiale. Les cadeaux n’étaient pas sur-médiatisés ; autour d’un bon repas on s’offrait des oranges et un jouet – les étrennes étant données le 1er janvier. Aujourd’hui, le 25 décembre est sur-commercialisé.
Les parties de la Chine qui s’occidentalisent à outrance sont les côtes Est et Sud : les Pères-Noël vantent les cadeaux devant les vitrines des magasins illuminés, des restaurants proposent des menus spéciaux, Jingle bells résonne à tue-tête et les hôtesses des boîtes de nuit sont déguisées en Mères-Noël ; les symboles des guirlandes et sapins sont récupérés de l’Occident.
Le reste de la Chine, sa grande majorité, ne fête pas Noël. Ses 60 millions de chrétiens, (une majorité de protestants, 10% de catholiques et l’église souterraine ; je n’arrive pas à avoir de chiffres officiels) répriment le coté ‘’commercial importé d’Occident’’.
Wenzhou, dans la province du Zhejiang, sur la côte Est, au Sud de Shanghai, n’a pas fêté Noël en 2014. Pourtant, la ville est connue pour son importante communauté chrétienne, estimée à un million de personnes. Les prêtres tiennent quatre messes tous les dimanches à l’église Sainte-Trinité ; il y a 2000 autres églises et cathédrales dans la ville. Mais la tradition de Noël, jugée trop occidentale, a été interdite. Pas question d’organiser un quelconque événement dans les écoles, collèges et lycées. Les autorités locales veulent inciter les jeunes à porter leur attention sur les fêtes traditionnelles chinoises, comme la semaine du solstice d’hiver, plutôt que de se concentrer sur les fêtes étrangères.
Mais, pour la communauté chrétienne de Wenzhou, Noël est évidemment une célébration religieuse capitale. Elle a été quelque peu gâchée. Déjà en avril 2014, la démolition, sur ordre des Autorités, de l’église protestante de Sanjiang jugée trop vaste, financée sur les deniers de ces fidèles, avait suscité de vives réactions d’indignation et attisé les tensions dans la ville.
Mao pensait pouvoir éliminer la religion, mais ses tentatives ont échoué : la croissance des communautés chrétiennes chinoises est exponentielle depuis sa mort en 1976, et la fin de la Révolution culturelle ; mais c’est aussi dû au travail de nombreux occidentaux envoyés en Chine dans le but d’évangéliser le plus grand nombre de chinois. Ces occidentaux venant essentiellement des États-Unis et du Royaume-Uni, la majorité des églises installées en Chine est protestante. Le gouvernement n’a aucun intérêt à s’en faire des ennemis. Et pourtant, le Parti confirme son athéisme originel et le climat se durcit.
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Photos : Eglise Saint-Ignace à Shanghai – Eglise Wangfujing à Pékin – Eglise de Dali dans le Yunnan