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ou plus tard. Veuillez lire Débogage dans WordPress (en) pour plus d’informations. (Ce message a été ajouté à la version 6.7.0.) in /home/hebdovinpf/hebvinch/wp-includes/functions.php on line 611409 03 21 – La Journée Internationale des Femmes est l’occasion de faire un état lieux synthétique de la situation actuelle des femmes chinoises. Qu’en est-il de l’égalité des droits entre genre dans le pays ? Comment la Chine encaissent les revendications féministes et la libération de la parole des femmes de la vague #Metoo ? © Le Petit Journal de Shanghai
Avec la parenthèse égalitariste des années Mao, à l’époque du fameux slogan « Les femmes soutiennent la moitié du ciel » – dit par Mao Zedong qui, pour réaliser ses réformes colossales avait besoin de bras, la Chine hérite d’un important dispositif juridique pour la défense des droits et intérêts des femmes. Grâce à la Constitution de 1954, puis à celle de 1982, ces dernières bénéficient légalement d’une égalité de droits avec les hommes.
Ce positionnement de l’État chinois vis-à-vis de l’égalité entre les genres n’est pourtant pas venu à bout des stéréotypes traditionnels sur les rôles et les devoirs des hommes et des femmes dans la société et au sein du foyer. La société chinoise reste très attachée à ses traditions et ses valeurs patriarcales. La culture chinoise traditionnelle valorise le sexe masculin, et ce dès l’enfance. Les garçons, dans les représentations, conservent le monopole des responsabilités familiales : source de fierté et de reconnaissance sociale dès leur naissance, ils deviennent, une fois adultes, l’assurance de la perpétuation de la lignée familiale, d’une prise en charge de leurs parents vieillissants et de la transmission du patrimoine familial.
Dans le contexte de la politique de l’enfant unique, les parents ont privilégié autant que possible et pendant des décennies les naissances de garçons, menant à un important déséquilibre dans le ratio hommes/femmes et à une importante mortalité infantile des petites filles (due à un taux de vaccination plus faible, une prise en charge médicale plus tardive en cas de maladie, un moindre recours à l’hospitalisation si nécessaire, surtout dans les campagnes). Cette majorité masculine est inédite dans l’histoire humaine, et il est très difficile d’en mesurer les conséquences sociales futures au niveau des rapports de genre…
Le statut des femmes s’améliore dans l’éducation. Tout d’abord, la généralisation de l’éducation primaire a réduit significativement la part de femmes sans instruction (6% en 2010). Dans les villes de l’Est du pays, les jeunes générations accèdent de manière plutôt égalitaire à la scolarité, mais les disparités géographiques restent considérables, notamment dans les zones rurales.
Selon le Conseil d’État chinois, en 2014, parmi les étudiants ayant obtenu un diplôme de bac+2 jusqu’à bac+4 les femmes représentaient 51 % environ. Et en 2016, le pays comptait plus d’un million de femmes diplômées de troisième cycle, dépassant pour la première fois le nombre d’hommes diplômés et représentant 50,6% du total du pays.
Cette situation sans précédent est liée à l’ancienne politique de l’enfant unique car, avec celle-ci, les parents ont misé tout leur espoir sur leur enfant, peu importe le sexe. Auparavant, quand les parents avaient plusieurs enfants, les filles étaient mises de côté pour laisser les garçons accéder à l’université.
Suite au plein emploi de la période maoïste, le taux d’emploi féminin reste toujours aujourd’hui parmi les plus élevés du monde : à l’échelle du pays, près de trois femmes sur quatre travaillent, un niveau très élevé si l’on considère la situation dans les autres pays de la région. Toutefois, les féministes chinoises assurent que la situation des femmes actives s’est dégradée avec la libéralisation des années 1980.
Dans ce pays à l’économie pourtant florissante, l’écart des revenus entre les hommes et les femmes se creuse de plus en plus. Les travailleuses gagnent à poste égal 30% de moins en moyenne que leurs collègues masculins. De plus, les femmes occupent majoritairement des postes à main d’œuvre intensive et à faible revenu dans le secteur informel, c’est à dire sans sécurité sociale et sans aucun avantage. Elles restent le plus souvent concentrées dans des activités peu qualifiées et mal rémunérées comme l’agriculture, l’industrie, les transports, le commerce ou les services. La population considère généralement que les femmes sont globalement moins compétentes, moins endurantes et moins aptes à assumer des postes à responsabilités.
Les chiffres officiels donnent un taux de chômage des femmes 50 % plus élevé que celui des hommes et elles sont également, en 2010, deux fois plus nombreuses que les hommes à déclarer avoir été victime de discriminations sur leur lieu de travail. Les causes invoquées sont, pour 70 % un licenciement abusif, à la suite d’un mariage ou d’une grossesse par exemple, l’absence de promotion, un salaire inférieur à celui des hommes à travail égal, etc…
Il n’est pas rare de voir des offres de recrutement du secteur public ou privé discriminatoires, réservées à « des hommes uniquement » ou proposant « de belles jeunes femmes » comme collègues de travail. Certaines offres exigent des candidates des attributs physiques particuliers – taille, poids, voix ou apparence du visage, sans rapport avec les tâches à accomplir. D’autres offres spécifient qu’à la vue de l’importante charge de travail et de l’implication nécessaire, seuls les hommes devraient répondre à cette annonce… Les interdictions légales visant la discrimination sexiste dans les domaines de l’emploi et de la publicité sont rarement effectives sur le terrain. Le plus souvent, les autorités ordonnent seulement aux entreprises de retirer ou de modifier des annonces discriminatoires. Plus rarement, elles sont condamnées à une amende.
Cependant de nouvelles opportunités sont offertes à toute une nouvelle génération de jeunes diplômées, leur permettant ainsi d’accéder à des postes plus qualifiés et mieux rémunérés que par le passé. Les statistiques montrent également que de plus en plus de femmes prennent part au monde des affaires, représentant environ un quart des entrepreneurs du pays. Une élite féminine émerge dont la réussite sociale devient l’un des symboles de l’essor de l’économie chinoise. Sur dix femmes milliardaires dans le monde, ne devant leur fortune qu’à elles-mêmes, six sont chinoises. Les données du gouvernement montrent que les femmes créent 55% des nouvelles entreprises Internet en Chine et plus d’un quart des entrepreneurs sont des femmes. C’est un nombre beaucoup plus élevé que dans n’importe quel autre pays.
Les Chinoises actives travaillent en moyenne plus que les hommes (525 minutes/jour contre 481 minutes/jour) et passent 44% de leur temps libre en travail impayé : cuisine, corvées, suivi des devoirs de l’enfant. Les hommes y passent 18% en moyenne…
Pourtant, la majorité des hommes et des femmes mariés ne remettent pas en cause cette répartition genrée des tâches domestiques. Globalement, le rôle de l’époux comme soutien économique de la famille et celui de l’épouse centré sur le foyer restent bien ancrés dans les pratiques conjugales mais aussi dans les attentes que chaque conjoint nourrit vis-à-vis de l’autre. Et ces stéréotypes ont même tendance à se renforcer, notamment chez les femmes qui intériorisent fortement la domination masculine.
Les citadines connaissent d’ailleurs aujourd’hui un retour en force au foyer : en 1990, 76,3 % d’entre elles étaient engagées dans un travail rémunéré ; elles n’étaient plus que 60,8 % en 2010. La pression sociale sur le mariage et la maternité se fait de plus en plus forte depuis une dizaine d’années, notamment sur les classes sociales supérieures. La baisse globale de la natalité et la réduction du marché de travail a tendance à aiguiller les autorités vers une politique plus nataliste et orientant les femmes vers le foyer et la maternité plutôt que vers le monde du travail.
Le désengagement de l’État dans la prise en charge de l’enfance a entraîné au fil des années une hausse considérable des coûts associés à l’entretien des enfants, notamment pour leur garde, leur santé ou leur scolarisation, et ceci rend la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle plus difficile et coûteuse et font donc obstacle à l’activité des femmes chinoises.
Dans les zones rurales, les femmes ne fréquentent le système scolaire que 6 à 7 ans en moyenne. La valeur ajoutée apportée par l’instruction, en particulier celle des filles, n’est pas toujours comprise, d’autant que les coûts de la scolarité sont devenus, depuis les réformes des années 1980, prohibitifs pour de nombreuses familles.
Comme les hommes cherchent un travail mieux rémunéré, la plupart des travaux agricoles sont laissés aux femmes, qui représentent 65% de la main d’œuvre locale. Celles-ci doivent s’occuper des travaux des champs, du ménage et de l’éducation des enfants. Le taux de maladie chez les femmes rurales est de 5% plus élevés que chez les hommes. Dans les villages reculés, plus de 60% des femmes souffrent de maladies chroniques. De longues heures de travail, ainsi que la sous-alimentation et le manque de soins médicaux après l’accouchement sont les deux principales raisons des taux de maladies élevés des femmes.
Selon la Fédération des femmes chinoises, environ un quart des femmes mariées en Chine ont subi des violences conjugales, bien que seulement 40 000 à 50 000 plaintes soient enregistrées chaque année. Bien que les relations de pouvoir inégales entre les sexes soient largement reconnues comme la cause profonde de la violence domestique, la loi hélas n’inclut pas l’égalité des sexes comme sujet d’éducation publique.
Mais cet ancien tabou s’est levé sur ces violences avec une loi les reconnaissant comme telles en 2011 et permettant donc aux victimes de se défendre devant la justice. La nouvelle loi contribue à supprimer bon nombre d’obstacles aux procédures. Par exemple, la police et les institutions médicales sont désormais tenues de produire et de conserver des preuves d’abus présumés.
Mais le milieu professionnel reste irrigué de violences sexistes. Pour les violences sexistes subies sur le lieu de travail ou d’études, les recours légaux s’avèrent plus difficiles. Malgré une nouvelle loi en 2015, le problème persiste puisque, selon une étude citée par le China Labor Bulletin, 80% des travailleuses chinoises connaissent à un moment ou à un autre un épisode de harcèlement.
Les autorités chinoises demandent aux employeurs de prendre des mesures adéquates pour mettre en place un mécanisme de prévention, de traitement des plaintes et de mesures d’intervention sur le lieu de travail, et ainsi lutter contre le harcèlement sexuel. Mais la définition de ce qu’est le harcèlement est floue et les entreprises sont vite démunies face à une plainte.
All China Women’s Federation (ACWF), la plus grande ONG en Chine, est un organisme de coordination disposant d’un vaste réseau à l’échelon national, qui va du niveau provincial-communal au niveau des villages, et qui a le statut de consultant du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC). Cette fédération joue un rôle important dans la mobilisation des femmes en vue d’influencer les politiques liées aux droits des femmes et à l’égalité des genres. On observe également des associations autonomes de femmes, impulsées par la quatrième Conférence mondiale sur les femmes organisés à Beijing en 1995. Il s’agit plutôt de centres d’études, d’organisations de défense des droits, ou de centre de formations liées aux questions de genre pour des institutions gouvernementales. Ces organismes proposent des outils de promotion de la transversalité et de l’intégration des problématiques d’égalité dans les programmes de développement. Ces ONG œuvrent également à la sensibilisation et à la mobilisation de la société civile, notamment des jeunes.
Toutefois, bien que leur travail soit largement reconnu, leur impact est à nuancer et dépend de nombreux facteurs, tels que l’ouverture d’esprit des décideurs sur les thèmes abordés. Globalement, les ONG de femmes sont confrontées à l’obstacle majeur du statut juridique et aux difficultés d’enregistrement. D’autant que le manque de représentativité au niveau politique est criant : sur les 200 membres du Comité Central du Parti moins de 5% sont des femmes, dans la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois il n’y a aucune femme… Cependant le nombre de femmes députées lors de la 13ème Assemblée populaire nationale était le plus élevé jamais enregistré, représentant 24,9% du total.
L’élite féminine intellectuelle qui a fondé ces ONG au cours des années 80 et 90 a joué un rôle de chef de file dans la sensibilisation aux questions liées au genre, la défense et la production de connaissances en matière de genre et d’études sur la femme. Au cours de la dernière décennie, de nouvelles formes d’organisation des femmes a vu le jour, avec notamment des groupes communautaires (femmes migrantes, malades du sida, survivantes de violences conjugales, LGBTQI+, travailleuses du sexe). La diversité et la nature non hiérarchisée de ces groupes a élargi et renforcé le mouvement des femmes chinoises.
Le harcèlement sexuel, le viol, et le sexe en général sont des sujets tabous dans cette société chinoise assez conservatrice. Le mythe selon lequel la Chine serait épargnée par les violences sexistes car la culture chinoise serait intrinsèquement plus respectueuse et protectrice du sort des femmes reste omniprésent dans la population. Cependant, 50 % des Chinoises interrogées disent avoir été agressées au moins une fois dans les transports en commun. Mais les plaintes sont rarement suivies d’enquêtes et de procès, les plaignantes et leurs soutiens subissent pressions et chantage afin que les affaires soient contenues dans la sphère privée.
Depuis le milieu des années 2000, des groupes féministes non institutionnels ont cherché à dénoncer publiquement, au travers d’actions symboliques et de prises de paroles, les violences sexistes, le harcèlement de rue, les discriminations à l’embauche, mais également les inégalités systémiques, et demandant aux autorités de faire appliquer les lois existantes.
Sophia Huang Xueqin – journaliste et militante féministe, est connue pour être l’une des pionnières de #MeToo en Chine. S’inspirant de son expérience personnelle, elle réalise fin 2017 un sondage en ligne sur les harcèlements subis par les femmes journalistes. Dans son sillage, les langues se délient, les témoignages de harcèlements et d’agressions sexuelles circulent sur les réseaux sociaux, en particulier venus du milieu universitaire. De nos jours, plus de la moitié des étudiants dans les universités sont des femmes, donc avec un plus haut niveau d’éducation qu’auparavant, et ceci peut expliquer d’une manière sociologique l’augmentation des revendications féministes de la part des jeunes universitaires.
La parole des femmes se libère en Chine et les conséquences judiciaires pour les agresseurs commencent sinon à se généraliser du moins à être médiatisé, même lorsqu’il s’agit de personnalités haut placées : professeurs d’université, animateur de télévision, dirigeants d’ONG, journalistes, entraîneurs sportifs, moine influent ou encore intellectuels ont été accusés de harcèlement sexuel ou de viol.
Même si les autorités chinoises ne voient pas d’un bon œil ces revendications, qu’ils qualifient de « politique », et ont rapidement rappelé à l’ordre les militantes, une certaine prise de conscience infuse la société alors que le mouvement est plus timide et lent qu’en Occident. La population rejette de moins en moins la faute sur les victimes et souhaite des lois plus protectrices contre ces violences.
En conséquence, en décembre 2020, le plus haut tribunal du pays a ajouté le harcèlement sexuel à la liste officielle des motifs de litige civil, ce qui facilite la poursuite de ces affaires. Le gouvernement est également en train de rédiger une loi plus précise sur les agressions sexuelles. Néanmoins, les peines encourues par les agresseurs sont plutôt faibles : licenciement, radiation, présentations d’excuses publiques, parfois quelques mois de prison,… Rien de trop dissuasif encore pour le moment.
Sources © Le Monde, Courrier International, Xinhua, The Gardian, South China Morning Post, Shanghai Daily. Le Quotidien du Peuple, Les Inrockuptibles, awid.org.
Chiffres © Être femme en Chine aujourd’hui : une démographie du genre, Isabelle Attané, Perspectives chinoises n° 2012/4.
Me too, la campagne contre le harcèlement sexuel qui a vu le jour dans le sillage de l’affaire Weinstein, a déferlé en Chine. Mais en Chine, plus un sujet devient populaire, plus la censure tente de l’étouffer car tout mouvement social, même virtuel, est un cauchemar pour les Autorités. Des milliers de témoignages sous le hashtag #MeToo ont été effacés par la police du web. Les Chinoises se sont organisées pour contourner la censure et #Metoo est devenu « riz lapin » comme leur sonorité en mandarin : « Mi » est le mot pour « riz » et « Tu » symbolise le « lapin » ; tous les moyens sont bons pour briser le silence.
Les 170 vignobles français achetés par les Chinois sont décrits : 158 Châteaux de Bordeaux, 10 vignobles en France, 2 Maisons de cognac.
Pourquoi ces vignobles sont-ils en vente ? Pourquoi les Chinois les achètent-ils ?
250 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset.
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