23 10 16 – Usha Lavie-Teissier a étudié le Droit en Inde, son pays natal. Installée en France à 37 ans, elle a appris l’œnologie et le français. Depuis fin 1991, Usha est propriétaire de Château Gamage à Saint-Pey-de-Castets. Elle est la seule viticultrice d’origine indienne en France
A la tienne ! = शराब पीते वक्त कहा जाता है Chīyars
Usha Lavie-Teissier a acheté la demeure du XIIème siècle de Château Gamage, et ses 34 hectares de vignes alors vendus en coopérative. Elle a réalisé d’importants travaux mais après ses tribulations en Inde, à Singapour et au Congo, le terroir bordelais ne l’effraie pas. Elle relève le défi : étrangère d’une autre culture, ne parlant pas français, dans un monde d’hommes… Et elle s’est imposée. Usha continue de voyager en exportant ses cinq vins et en rencontrant les visiteurs qui résident au château, face à la piscine, au parc et aux 6 hectares de bois. Bordeaux c’est le savoir-vivre et elle y croise le monde entier, dans le milieu viticole comme au centre-ville de Bordeaux où elle réside avec son mari.
Château Gamage 31 avenue de la Mairie 33350 Saint-Pey-de-Castets Tél : 05 57 40 52 02 www.chateaugamage.com Tous ses vins sont mis en bouteilles au château.
La fille de Usha, Indrani, a étudié à l’IPC en 2013.
Cet été 2016, 14 Indiens ont suivi une formation à l’IPC Institut de Promotion Commerciale vins et spiritueux de Bordeaux, dirigé par Yann Chaigne.
Ces étudiants de l’Université de Pune dans l’état du Mahārāshtra étaient en formation pour 3 mois, afin de se spécialiser dans le commerce des vins. En Inde, la consommation de vin est pratiquement inexistante.
Une élève expliquait : «Bordeaux est la capitale du vin. Nous sommes ici pour apprendre le business, les AOC et les cépages d’ici plantés chez nous». «A cause des taxes exorbitantes à l’export, les vins de Bordeaux, accessibles financièrement, ne sont pas bons, raconte un autre. En Inde, nous aimons les vins faciles à boire, peu âpres, plutôt sucrés. Le vin de Bordeaux proposé chez nous est vert, élevé avec des copeaux, alors que le chilien ou l’australien au prix similaire sont passés en barriques.» «Nous l’achetons parce que c’est un Bordeaux, dit un troisième, et on le boit ; nous apprécions les vins français haut de gamme mais ils sont trop chers pour nous.» Leur formateur Daniel Menacho m’explique que «Ici, ils dégustent plusieurs appellations et peuvent comprendre et apprécier ce qu’est un vin de Bordeaux».
L’accueil officiel de cette 1ère promotion indienne a eu lieu le 13 juin 2016 dans l’Espace 1855 de la CCI de Bordeaux. Daniel Menacho, péruvien d’origine, a 22 ans d’expérience dans les vins de Bordeaux ; il est un expert dans le négoce et le grand export en Chine, Amériques du Sud et du Nord, au Canada. Il formait ces 14 élèves aux marchés internationaux.
IPC 10 rue René Cassin 33000 Bordeaux 05 56 79 50 80 www.ipc-bordeaux.com/
C’est la boisson nationale, servi avec du lait de vache, du sucre, de la cardamome ou du gingembre ; on trouve le garam-garam chai dans les rues, mais le thé, synonyme d´hospitalité, est de plus en plus délaissé. L’Inde reste le 2ème producteur mondial après la Chine. «Nous aimons la bière, mais ceux qui veulent se saouler boivent du whisky et de la vodka, explique un élève de l’IPC. Sinon nous buvons de l’eau en dînant, ou du lassi (à base de yaourt)». Le vin c’est au restaurant avec des mets étrangers, pas avec la cuisine locale.
Deux principales régions produisent du Vin en Inde : Bangalore et l’Etat de Maharashtra qui concentre 80 % de sa surface agricole au vin depuis 30 ans seulement. Les ceps sont des cépages français prisés des marchés mondiaux. L’œnologue bordelais Michel Rolland conseille les domaines de Bangalore depuis 1994.
Le prix du vin local est supérieur à celui du marché mondial ; il ne doit sa survie qu’aux lourdes taxes sur les importations ; il est donc consommé en priorité. De plus, les interdictions répétées sur la consommation d’alcool fort, dont les Indiens abusent, font la part belle aux vins indiens, et leur qualité progresse.
Texte tiré de mon article pour le trimestriel Vivre Bordeaux n°9 paru le 12 octobre 2016.
Lire le Vin, le Rouge, la Chine sur les 143 vignobles français achetés par les Chinois. 250 pages et 350 photos de Laurence Lemaire. Version numérique mise à jour toutes les semaines en PDF 8€, version papier ré éditée tous les 3 mois, en librairie et sur le site www.levinlerougelachine.com