23 10 16 – Stanislav Zingerenko est russe ; il est né à Saint-Pétersbourg. Il partage sa vie entre son vignoble de Bordeaux au Château La Favière, et sa ville natale où il est actionnaire d’une entreprise de logistique. Il affectionne particulièrement le Merlot et son vin plus que les céréales de la Vodka. Bordeaux est jumelée à Saint-Pétersbourg.
A la tienne ! en russe = за тебя, Za vache zdorovie
Stanislav Zingerenko possède 76 hectares de terres et bois dont 19 hectares de vignes à Saint-Seurin-sur-l’Isle, près de Libourne. Ses 3 vins sont en appellation Bordeaux Supérieur. Avec Christophe Bedouet, ils avaient cherché plus d’un an une propriété sur la rive droite de Bordeaux, car Stanislav préfère le Merlot. Fin 2010, il a acheté Château La Favière, petit bijou bâti en 1750.
«Je suis allé une 1ère fois à Paris en touriste, raconte Stanislav Zingerenko. Puis j’ai trouvé que Bordeaux ressemble à Saint-Pétersbourg. Et ici, dans cette région, des étrangers sont vignerons ; ainsi, je ne me sens pas seul. Le bon accueil est possible.» Dans le bordelais, quelques 200 propriétés viticoles appartiennent à des étrangers, soit 1,2% ; 3 sont russes, 135 sont chinoises, 50 sont belges…
«La France a le mode de vie que je préfère.»
Les 1ers vins que Stanislav Zingerenko ait dégustés sont des Bordeaux. Pour lui, le Merlot a plus de caractère que tous les autres. «La Russie est très vaste ; la force de sa nature est impressionnante. La culture majoritaire c’est le blé, explique-t-il. Ses vignes produisent un vin de table facile à boire ; les cépages autochtones russes ne m’ont pas intéressé. Il y a des cépages bordelais en Russie mais je voulais créer un vin avec un cépage autochtone, et le Merlot est issu d’ici, dans cette partition, dans ce terroir.»
Stanislav apprend le français depuis 8 ans. Ses 2 fils sont nés en France. Comme son père, Martin fait le grand écart entre les deux pays, l’école de Saint-Serin et l’Ecole française de Saint-Pétersbourg. Le jeune Ariel vit au château avec sa mère qui gère le marketing, aidée de Christophe Bedouet. Le chien se prénomme Merlot. En famille, le lien avec leur terre se créé au fil des saisons.
«Pour moi, le vin est subjectif et personnel ; si vous voulez réussir dans le vin de Bordeaux, il faut être dans son terroir, parler sa langue, connaître sa culture et sa littérature ; sinon ça ne marche pas, ça restera un vin de négoce et c’est tout. »
Stan rappelle que la cour russe du XVIIIème devait apprendre à parler français. Guerre et Paix de Léon Tolstoï a été écrit pour moitié en français. «Quant à la musique, chaque étiquette est ma partition, poursuit Stanislav Zingerenko. Le visuel est une vigne avec la clé de Fa. Un morceau musical c’est des notes assemblées, comme un vin. Nous avons tous les mêmes instruments, les mêmes pianos mais il faut décrypter les notes, tirer l’harmonie de la parcelle. »
Stanislav Zingerenko conclut : «Avec mon épouse Natalia et mes enfants nous avons un réel attachement à la France. Je n’ai pas cherché ailleurs parce que ici c’est le Merlot. Parce que ici c’est Bordeaux.»
Château La Favière 32 rue Saint-Exupéry 33660 Saint-Seurin-sur-l’Isle
Tél : 05 57 49 72 08 www.lafaviere.fr Christophe Bedouet Tél : 06 85 07 63 64
La Vodka en Russie : cette eau-de-vie, issue généralement de céréales ou de la pomme de terre, titre 40° ; certaines ont 97°d’alcool, d’autres sont frelatées. Elle est la boisson nationale en Russie et elle a une large responsabilité sur la mortalité. Depuis 2006, la consommation a baissé d’1/3 grâce à sa hausse de prix et à l’interdiction de sa publicité.
Le Vin en Russie : moins de 1 % est un vin de qualité comparable aux AOC. Il y a une dizaine d’années, des hommes d’affaires ont investi pour produire de petits volumes de vins haut de gamme ; ils ont acheté des cépages étrangers et travaillent avec des vignerons étrangers. Le vignoble a doublé de surface en 2014 après l’annexion de la Crimée qui a une météo clémente pour cultiver des vignes. Le gouvernement actuel appelle au patriotisme sur tous les produits agro-alimentaires depuis quelques années.
Photos Zingerenko et Bedouet, le château vu d’avion et le portrait © Nicolas Tucat
Contre-étiquette pour la Russie et les 2 autres © Laurence Lemaire
Texte tiré de mon article pour le trimestriel Vivre Bordeaux n°9 paru le 12 octobre 2016.
Lire le Vin, le Rouge, la Chine sur les 143 vignobles français achetés par les Chinois. 250 pages et 350 photos de Laurence Lemaire. Version numérique mise à jour toutes les semaines en PDF 8€, version papier ré éditée tous les 3 mois, en librairie et sur le site www.levinlerougelachine.com