CGTN, la voix de la Chine sur nos écrans Télé

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06 04 21 – Depuis quelques jours, la chaîne chinoise internationale CGTN émet depuis la France ses programmes à destination des européens : China Global Television Network serait une télévision qui représente les intérêts de l’Etat chinois

CGTN, China Global Television Network est la chaîne internationale de la télévision d’Etat chinois, déclinée en cinq langues dont le français

Source © France Infos. CGTN a été créée le 15 septembre 2000 pour diffuser ses programmes en anglais. Son slogan était « China’s First English News Channel » Aujourd’hui, sur CGTN, on vante par exemple les charmes touristiques de la province du Xinjiang, loin des images du conflit politique qui agite la région où une partie de la communauté internationale dénonce des persécutions envers la minorité musulmane ouïghoure. Devant la caméra de CGTN, le français Olivier Grandjean, employé pour promouvoir la Chine, n’évoque pas ces sujets. I se présente comme un animateur de divertissement non politisé, et refuse de commenter la ligne éditoriale de sa chaîne. D’autres français sont recrutés pour défendre le régime chinois et communiquer en Europe. Certains, sous pseudonymes, critiquent ouvertement le point de vue occidental, comme une journaliste : « Je ne prétends pas tout connaître du Xinjiang en y étant allée moins d’une dizaine de fois, mais ce que j’y ai vu ne correspond en rien à ce qu’en racontent certains médias occidentaux ».

Des réunions du Parti tous les mardis

Parmi ces français, seule Elodie Buzaud a accepté de nous parler. Elle a travaillé pour CGTN à Pékin il y a 4 ans, recrutée par le ministère chinois des affaires étrangères. Elle était chargée de traduire en français les informations délivrées par le régime : « En fait, la proximité entre le parti et la chaine est très visible, se souvient-elle. Parce qu’il y a des réunions de membres du parti communiste tous les mardis. »

Comment cette chaîne, bannie du Royaume-Uni, se retrouve-t-elle à émettre depuis la France ?

CGTN est un vecteur de communication du Parti Communiste Chinois, le PCC, à l’étranger. Et c’est justement ce qui l’a fait bannir du Royaume-Uni, le 4 février 2021 : l’ONG Safeguard Defenders avait saisi l’Ofcom, le régulateur des télécoms au Royaume-Uni : l’ONG et Peter Dahlin son directeur accusaient CGTN de faire de la propagande : « Le danger avec CGTN, c’est qu’elle coopère avec la police chinoise pour diffuser des confessions obtenues sous la torture de journalistes, avocats ou défenseurs des droits de l’homme. » En réaction, la Chine a interdit à la BBC d’accéder à ses réseaux de télévision, et limité sa portée à Hong Kong.

Comment cette chaîne, bannie du Royaume-Uni, se retrouve-t-elle à émettre depuis la France ? Pour cela, pas besoin de licence particulière selon la loi française. Il suffit de remplir deux conditions techniques : être diffusé sur un satellite français et émettre un signal depuis la France. Les critères éditoriaux n’entrent pas en ligne de compte. En fait, CGTN diffuse via l’opérateur de satellites français Eutelsat. Et la loi française n’exige pour cela aucune autorisation préalable. Notre Conseil Supérieur de l’Audio-visuel, le CSA, ne peut donc s’y opposer sur la forme mais compte rester vigilant sur le fond. « Si on constate un manquement, notamment en matière d’honnêteté d’information et de la dignité de la personne humaine, on peut tout à fait intervenir et saisir la justice en faisant injonction à Eutelsat de couper le signal », explique son président.

« Je crois que CGTN va diffuser en Europe des programmes conçus en Chine, explique Camille Chen, rédactrice en chef de Mandarin TV, à la différence de nous, qui sommes la seule chaîne de télévision franco-chinoise par ADSL qui, elle, produit et diffuse ses programmes en France pour les Français et la communauté asiatique résidant en France. » Mandarin TV est actuellement disponible sur les box TV d’Orange, Free et Bouygues Telecom.

Sur son site, CGTN déplore que « certains médias français s’opposent systématiquement aux médias chinois sans prendre la peine de les écouter. » Ni la chaîne, ni l’ambassade de Chine en France n’ont répondu aux demandes d’interview.

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Mon Xinjiang : halte à la tyrannie des fake news

Une certaine Laurène Beaumond, présentée par CGTN comme « une journaliste française indépendante » a développé sur le site du média d’Etat chinois les thèses de Pékin sur le Xinjiang et Taïwan. Source © Nathalie Guibert : « Mon Xinjiang : halte à la tyrannie des fake news » a été diffusé sur CGTN le 28 mars 2021. Le texte, rangé dans les pages ‘’opinions’’ du site, démonte, à la façon d’un témoignage vécu et personnel, les accusations de génocide et de persécution subis par la minorité musulmane Ouïgours au Xinjiang. « Je suis française et j’ai vécu presque sept ans en Chine, indique cette journaliste. Les hasards de la vie ont fait que j’ai de la famille vivant à Urumqi, la capitale du Xinjiang. J’ai eu l’occasion de visiter la région à maintes reprises entre 2014 et 2019, et je ne reconnais pas le Xinjiang que l’on me décrit dans celui que je connais. » Le problème est que Laurène Beaumond n’existe pas telle que CGTN veut la présenter : inconnue officiellement, le journal Le Monde a vérifié qu’aucune personne de ce pseudonyme ne figure dans le fichier de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels français. « Elle devrait car, assure CGTN, cette femme, doublement diplômée d’histoire de l’art et d’archéologie de l’université Sorbonne-Paris IV et titulaire d’un master de journalisme, a travaillé dans différentes rédactions parisiennes avant de poser ses valises à Pékin ». Le journal Le Figaro précise : « elle fut traductrice, puis présentatrice sur la chaîne CCTV, comme nombre d’étrangers, travaillant pour cette télévision d’État chinois sous le contrôle strict des censeurs ». Sans surprise, son point de vue publié par CGTN sur les Ouïgours reprend tous les éléments du langage officiel du régime chinois sur le sujet, en s’interrogeant sur « les nouveaux pasionarias de la cause ouïgoure, cette ethnie dont le sort ne préoccupait personne jusqu’ici », et en notant que « les grandes marques étrangères qui ont annoncé arrêter d’utiliser le coton récolté dans le Xinjiang pour fabriquer leurs vêtements sont la goutte qui ont fait déborder le vase » – Lire mon article sur les marques de textiles du 28 11 20 : Boycotter les produits made in Ouïghours sur https://www.hebdovinchine.com/boycotter-produits-made-in-ouighours-chine-marques-textile-internationales/
Le documentaire de Laurène Beaumond a suscité une vive controverse sur les réseaux sociaux avant de se répandre dans certains cercles intellectuels et quelques médias français. « J’assume cet article de A à Z. C’est moi qui l’ai proposé à CGTN », a-t-elle déclaré ; actuellement en France, elle ajoute : « Je suis inquiète pour ma sécurité. Je suis effarée par la bassesse des attaques contre ma signature, et qu’on puisse affirmer que je n’existe pas ». Laurène Beaumond ne serait pas une invention du gouvernement chinois pour répandre la propagande de sa télévision d’Etat en Occident.

le Vin, le Rouge, la Chine

Les 170 vignobles français achetés par les Chinois sont décrits : 158 Châteaux de Bordeaux, 10 vignobles en France, 2 Maisons de cognac.
Pourquoi ces vignobles sont-ils en vente ? Pourquoi les Chinois les achètent-ils ?
230 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset.
Depuis 6 ans, la version numérique en PDF est mise à jour au quotidien – 8€, et la version papier en librairie est mise à jour tous les 6 mois ; elles sont en vente sur ce blog et sur mon site www.levinlerougelachine.com

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