06 09 20 – Le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a visité cinq pays : l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, la France et l’Allemagne, du 25 août au 2 septembre 2020. Wang avait pour mission de sauver l’image terne de la Chine en Europe, tenter de réduire la méfiance grandissante, mais son charme n’a pas opéré. Les affaires économiques ont été éclipsées par les affaires qui fâchent
En Italie le 26 août, Luigi Di Maio, l’homologue italien de Wang Yi, a déclaré que Rome s’attendait à ce que les libertés de Hong Kong soient maintenues.
Nathan Loow, un leader étudiant de Hong Kong désormais réfugié en Grande-Bretagne, s’est rendu à Rome pour souligner le totalitarisme du régime chinois et remettre une lettre à ce sujet au ministre Luigi Di Maio.
Au Pays-Bas, Mark Rutte chef du gouvernement néerlandais et Stef Blok ministre des affaires étrangères ont largement abordé les situations inquiétantes de Hong Kong, du Xinjiang et du Tibet. Dehors, des manifestants, dont des exilés ouïghours, scandaient sur son passage «Wang Yi, rentre chez toi». Mais près de la moitié des cargos chinois à destination de l’Europe accostent à Rotterdam et la presse de Pékin souligne que « le renforcement des relations Chine-Pays-Bas contribuera à maintenir le système commercial international et la stabilité dans le monde ».
En Norvège – pays qui n’est pas membre de l’Union européenne, avec le ministre des affaires étrangères Ine Eriksen Søreide et la Première ministre Erna Solberg, Wang a dû répondre sur le refus de l’attribution du Prix Nobel de la Paix au Peuple de Hong Kong. Wang Yi a clairement indiqué que la Chine réagirait « fortement contre toute tentative d’utiliser le prix Nobel pour interférer dans les affaires internes chinoises ».
Lire mon article du 04 09 20 : La Chine veut un accord de libre-échange avec la Norvège mais sans son futur Prix Nobel https://www.hebdovinchine.com/chine-accord-libre-echange-norvege-prix-nobel-paix-2020/
En France le 28 août, Wang a eu l’honneur d’être reçu par le président Emmanuel Macron, le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et le chef du Conseil constitutionnel Laurent Fabius. Jean-Yves Le Drian a juste mentionné « les graves préoccupations de la France quant à la dégradation de la situation des droits de l’homme en Chine, en particulier à Hongkong et au Xinjiang ». Puis la discussion s’est tournée vers la 5G : Macron a déclaré que la France n’interdirait pas Huawei, mais il a indiqué sa préférence pour un fournisseur européen comme Ericsson ou Nokia (qui font fabriquer leurs antennes en Chine et qui fournissent également leurs antennes aux opérateurs télécoms chinois !)
Lire mon article du 27 01 19 : Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu le 23 janvier 2019 à l’Elysée avec Wang Yi https://www.hebdovinchine.com/emmanuel-macron-wang-yi/
La Chine a menacé la République tchèque de représailles élevées « pour ingérences dans les affaires intérieures de la Chine » à cause du voyage à Taiwan de Miloš Vystrčil président du Sénat tchèque, le 30 08 20. Le déplacement de cette délégation tchèque a attiré les foudres de Pékin qui considère Taïwan comme « une partie inséparable du territoire chinois » et cherche à empêcher toute visite de hauts dignitaires étrangers. Wang Yi a déclaré : « Il s’agit d’un acte de provocation flagrant qui a dépassé les bornes. C’est un acte de soutien au sécessionnisme de Taïwan. Cette visite interfère gravement dans les affaires intérieures de la Chine. » Il a ajouté à propos de Miloš Vystrčil : « Le gouvernement chinois et le peuple chinois n’adopteront pas une attitude de laisser-faire ou ne resteront pas les bras croisés, ils lui feront payer un lourd tribut pour son comportement à courte vue et son opportunisme politique.» C’est ainsi que Wang Yi a ruiné son offensive de charme car son homologue allemand Heiko Maas a rétorqué : « Nous, Européens, agissons en étroite coopération – nous offrons à nos partenaires internationaux le respect et nous attendons exactement la même chose d’eux » « Les menaces n’ont pas leur place ici », a-t-il conclu.
Par ailleurs, La France semble décidée à développer ses relations avec Taïwan ; une antenne du bureau de représentation de l’’île va ouvrir fin 2020 à Aix-en-Provence.
Wang Yi et son homologue allemand Heiko Maas en conférence de presse à Berlin le 1er septembre 2020 © Michael Sohn / POOL / AFP
A Berlin donc, avec Heiko Maas, Wang a tenté de semer le doute sur les origines du coronavirus en rappelant qu’il ne faut pas verser d’eau sale sur la Chine avant que les recherches scientifiques soient terminées.
Mais le ministre allemand a surtout évoqué les préoccupations européennes concernant la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, soulignant qu’elle devrait être abrogée.
De plus, Heiko Maas a appelé à une mission d’observation internationale indépendante au Xinjiang, où plus d’un million de Ouïghours musulmans croupissent dans des camps d’internement.
Echaudé par l’autoritarisme de Pékin, le gouvernement allemand va développer des accords de libre-échange avec le Japon, l’Inde, l’Australie et l’Indonésie, pays qui ont « la même compréhension de la démocratie ». De plus, l’objectif est de limiter la dépendance commerciale de l’Allemagne envers la Chine.
La tournée européenne de Wang Yi était un moyen de redorer l’image de la Chine. Elle a voulu montrer, dans le contexte de tensions croissantes avec les États-Unis, qu’elle était capable de parler à l’Europe et de freiner la coordination transatlantique. Ce n’est pas gagné.
Le traité d’investissement bilatéral entre l’UE et la Chine, qui vise notamment à faciliter les conditions d’accès au marché chinois pour les entreprises européennes, est toujours en négociation et rien ne garantit qu’il soit signé avant la fin de l’année.
La Chine souffre d’une évidente détérioration de son image internationale.
Et pendant la tournée de Wang Yi, qui occupe en fait une position assez subalterne dans la hiérarchie de l’Etat-parti (200ème), le ‘’véritable chef de la diplomatie chinoise’’ (20ème), le membre du bureau politique du Parti en charge des affaires étrangères, Yang Jiechi, a annoncé sa visite en Grèce, au Portugal et en Espagne : la Chine considère ces pays comme des opportunités économiques et comme un moyen de limiter l’adoption d’un consensus européen.
La tournée de Wang Yi a sans doute préparée le mini-sommet EU-Chine qui se tiendra en visio-conférence avec Xi Jinping le 14 septembre prochain.
Sources © Gavroche / Plamen Tonchev, les Echos, le Monde
Les 170 vignobles français achetés par les Chinois sont décrits : 158 Châteaux de Bordeaux, 10 vignobles en France, 2 Maisons de cognac.
Pourquoi ces vignobles sont-ils en vente ? Pourquoi les Chinois les achètent-ils ?
255 pages et 350 photos de Laurence Lemaire, préfacées par Alain Juppé et Alain Rousset.
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